Mercredi 12 décembre « Oh la la, tu t’es excusée comme une meuf! ». C’était il y a quelques semaines, une activiste me réprimandait car j’avais commencé un discours en disant que je n’avais rien préparé et que j’en étais désolée. C’était pourtant vrai, je n’avais rien préparé. On m’avait dit que l’on me poserait des questions sur le mouvement pour l’égalité salariale des Glorieuses et que j’aurai juste à y répondre. À mon arrivée, j’ai réalisé qu’on attendait de moi un discours. Je commençais donc mon improvisation en m’excusant auprès « S’excuser comme une meuf » donc. Les femmes s’excuseraient constamment – ou en tout cas plus que les hommes. Les femmes s’excuseraient alors qu’elles ne sont pas en tord. Car elles n’auraient pas assez confiance en elles. Car elles auraient de plus grandes valeurs morales. Les magazines féminins portés sur l’empowerement nous assènent ainsi d’arrêter de nous excuser au milieu d’une myriade de conseils pour réussir dans un monde d’hommes (et devant la quantité d’articles sur la question, je me demande sincèrement si s’excuser n’a pas causé à un moment donné de l’Histoire une guerre nucléaire). Aurais-je dû ne pas m’excuser ? C’est donc aux femmes de s’adapter. Nous vivons dans une société pensée par et pour les hommes. Tous les éléments qui nous entourent le rappellent : les règles qui nous entourent, les symboles, les valeurs, jusque dans la devise nationale, « liberté, égalité, fraternité », gravée sur tous les frontons de nos bâtiments publics. « Mon problème est que selon les « Jimmys » [nom générique pour désigner les hommes ‘bien’ qui parlent de féminisme pendant les heures de grande écoute à la télévision], il existe deux type d’hommes mauvais : le type Weinstein/Bill Cosby [qu’on ne présente plus] qui sont tellement horribles qui sont probablement d’une espèce différente des ‘Jimmys’ et il y a ensuite les ADJ, les « Amis De Jimmy ». Ces derniers sont apparemment des hommes bien qui ont juste mal lu les règles. » Lorsque la norme est définie par les hommes, comme c’est le cas aujourd’hui, les femmes ne peuvent pas légitimement affirmer ce qui est bien ou mauvais, pour reprendre le langage moral choisi par Gadsby. « Ce que je trouve problématique c’est que lorsque les hommes bien parlent des hommes mauvais, ils oublient toujours la limite. ‘Je suis un homme bien, voici la limite, de l’autre côté se trouvent tous les hommes mauvais’. Les Jimmys et les hommes bien ne veulent pas qu’on parle de ces limites mais nous devons vraiment en parler, de ces limites. » En effet, la société patriarcale implique que c’est aux hommes de convenir d’une limite. Tout le problème est là : cette limite peut donc changer « Vous savez pourquoi nous devons parler de la limite entre les hommes bien et les hommes mauvais ? Parce que ce sont uniquement les hommes bien qui peuvent déterminer cette limite. Et devinez quoi ? Tous les hommes pensent sincèrement que ce sont des hommes bien. Devinez ce qui se passe lorsqu’il n’y a que les hommes bien qui peuvent déterminer cette limite ? Ce Que ce soit pour définir les actions des hommes vis-à-vis des femmes, les comportements des femmes elles-mêmes ou même les discriminations dont les femmes font l’objet (vous ne m’entendrez plus parler des « femmes qui gagnent moins que les hommes » mais bien des « hommes qui gagnent plus que les femmes pour un même travail et avec les mêmes expériences et dont la raison m’échappe complètement), de
P.S. Cette newsletter vous a plu ? Est-ce que vous connaissez celles-ci ? On ne nait pas sexiste, on le devient des Petites Glo’, La purée d’hommes de terre, et « Et si le masculin ne l’emportait pas ?« . |
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