Pssst, les Petites Glo : le Club des Glorieuses est de retour… et ça se passe en ligne, aujourd’hui ! De 18h30 à 19h30, dans le cadre de la journée internationale de lutte contre la précarité menstruelle, il réunira Scheaffer Okore, activiste kenyane (interviewée dans la newsletter Les Glorieuses de la semaine dernière) et Rebecca Amsellem. Leur conversation sera traduite en français en direct. Pour vous inscrire, c’est par ici (c’est gratuit mais les places sont limitées). Jeudi 28 mai 2020 Les Petites Glo, nous sommes le 28/05. 28, comme la durée moyenne d’un cycle menstruel. 5, comme le nombre de jours moyen de la durée des règles. Vous l’aurez compris, cette date n’a pas été choisie au hasard. Aujourd’hui, c’est la journée internationale de l’hygiène menstruelle, une initiative lancée en 2014 par l’organisation non gouvernementale allemande WASH United. L’objectif est de rompre le silence qui pèse (globalement tout le reste de l’année) sur la question des règles, la précarité menstruelle et la condition des femmes à travers le monde. En vous baladant sur vos réseaux sociaux, vous allez donc sûrement croiser beaucoup de posts à ce sujet, et trouver des chiffres tous plus hallucinants les uns que les autres. Pour ma part, j’ai décidé de partager celui-ci avec vous : selon une étude Ifop pour Dons solidaires publiée en février 2019, plus d’une femme sur trois ne change pas suffisamment de protection ou a recours à l’utilisation de protections de fortune lorsqu’elle a ses règles. Rien que ce chiffre-là est insupportable. Alors, pour vous aider à comprendre les enjeux de cette lutte essentielle contre la précarité menstruelle, j’ai décidé de m’entretenir avec deux activistes dont vous connaissez sûrement les noms si vous me lisez régulièrement : Nadya Okamoto et Amika George. Nadya est américaine, elle a 22 ans, et c’est à elle que l’on doit PERIOD, le Menstrual Movement fondé en 2014. Amika est britannique, elle a 20 ans, et c’est elle qui a lancé le mouvement #FreePeriods au Royaume-Uni. Grâce à elles, des millions de protections ont été distribuées à des millions de personnes qui en ont besoin. Entretien croisé avec ces bloody héroïnes.
Nadya Okamoto. Dans de nombreuses régions du monde, il existe des tabous et des mythes autour de la menstruation, et cela à cause d’un manque d’éducation sur les questions de santé. Dans certains pays en développement, les femmes sont victimes de discrimination et d’oppression pendant toute la durée de leurs règles. Cette journée annuelle permet de sensibiliser les gens à la précarité menstruelle et de briser ces stigmatisations. Amika George. En effet, c’est vraiment important. C’est un jour où nous pouvons soulever ces problèmes dans l’arène publique, montrer à tous les pays que l’accès aux produits périodiques, l’éducation aux règles, le fait de donner la priorité aux besoins des jeunes filles, dans le respect de leur corps, sont des sujets qu’ils ne peuvent plus éviter d’aborder !
Amika George. Les choses évoluent petit à petit et j’en suis très heureuse. Cependant, les gouvernements du monde entier ne sont pas alignés sur ces questions. Dans certains pays, il y a des barrières culturelles, religieuses et sociétales qui nous conduisent à devoir travailler plus dur, différemment, pour aider les filles à accéder aux serviettes hygiéniques et aux tampons. Mais d’une manière générale, je trouve qu’il est plus facile aujourd’hui d’engager des discussions sur les règles. Lorsque j’ai commencé Free Periods en 2017, il y avait un réel sentiment de malaise autour de la campagne, de la prise de parole sur ce sujet. Ça, je ne pouvais tout simplement pas l’accepter, alors j’ai continué à écrire, j’ai continué à en parler, en boucle, puis au fil des mois, il y a eu plus d’engagement de la part du public, une volonté plus grande d’en parler. Les médias nous ont posé des questions, beaucoup de personnes sont montées à bord avec nous et, lentement, tout cela a commencé à briser le tabou.
Nadya Okamoto. Je suis très optimiste, même s’il reste beaucoup de travail à faire ! Quand j’ai lancé PERIOD, 40 États des États-Unis appliquaient encore la “taxe tampon”, c’est-à-dire que la TVA sur les protections étaient de 20% au lieu de 5,5%. Maintenant, nous en sommes à 30 !
Nadya Okamoto. Justement, nous sommes en 2020, et pourtant, 30 États américains ont toujours une taxe de vente sur les produits périodiques car ils sont considérés comme des articles de luxe ! Ce qui n’est pas le cas du médicament Rogaine, par exemple, qui est un traitement de la chute des cheveux, ou du Viagra, qui permet aux hommes d’avoir une érection… Au-delà de l’accès à des protections hygiéniques, la douleur liée aux règles est l’une des principales causes d’absentéisme chez les filles à l’école. Avec ma team de warriors, nous continuons de lutter pour un changement systémique vers l’équité menstruelle, et je veux que nous changions la façon dont les gens pensent, parlent et sont éduqués au sujet des règles. Amika George. Au Royaume-Uni, même si des produits périodiques sont désormais à disposition gratuitement dans les écoles, nous devons aussi penser aux marginalisées, aux personnes qui restent dans l’ombre : les réfugiées, les demandeuses d’asile, les sans-abri. Ces femmes ont du mal à gérer leurs règles tous les mois, et la honte, la privation de droits qui en découlent sont énormes. Quant au reste du monde, je voudrais évidemment voir plus de pays suivre l’exemple du Royaume-Uni. Fournir des protections gratuitement est un investissement dans l’éducation des jeunes, dans leur avenir. Je me souviens que, plus jeune, j’avais l’habitude de cacher mes serviettes et qu’à l’école, la seule chose que nous apprenions c’était de glisser nos tampons dans nos manches ! C’est n’importe quoi. La moitié de la population mondiale fait face à tout cela chaque mois et les règles ne devraient pas être embarrassantes, moquées, porter des noms stupides comme les ragnagnas, les lunes, parce qu’on nous apprend à ne surtout pas dire le mot ! Selon moi, l’éducation est la clé.
Nadya Okamoto. Oui, je suis très fière de mon travail, et particulièrement d’être parvenue à mobiliser des gens qui ont ensuite apporté des changements dans leur communauté. L’impact que nous avons eu au cours des six dernières années est incroyable : à ce jour, nous avons distribué environ 13 millions de tampons, serviettes hygiéniques et coupes menstruelles… et nous ne faisons que commencer ! Amika George. Personnellement, ce qui me rend le plus fière, c’est le fait que nous ayons collectivement montré que les jeunes pouvaient influencer les décisions prises au Parlement sur les questions relatives aux règles ! Nous nous sommes uni·e·s et avons crié notre besoin de changement parce que nous en avions assez d’être ignoré·e·s. Lorsque le gouvernement a annoncé qu’il mettrait en place un financement afin que toutes les écoles puissent fournir des produits gratuits aux élèves, c’était incroyable ! Cela m’a montré que quiconque voulant apporter des changements, aussi obscur et improbable que cela puisse paraître, peut le faire. Même les adolescents qui lancent des campagnes depuis leur chambre.
Nadya Okamoto. Ils peuvent s’inspirer de nos antennes locales et mettre en place des collectes et des distributions de produits périodiques au sein de leur école ou de leur communauté. C’est toujours le meilleur moyen de s’impliquer ! Avoir des conversations avec leur entourage au sujet de la menstruation, continuer à s’éduquer et à éduquer les autres, ce sont aussi de grands pas. Amika George. Tout à fait, nous pouvons tous parler des règles, de la façon dont elles nous affectent, aux filles et aux garçons. Les garçons ont été exclus de la conversation pendant trop longtemps et nous devons les inclure. Nous devons réaliser notre propre pouvoir en tant que jeunes femmes et savoir que personne n’a à nous dire quoi accepter. J’ajouterais que nous pouvons tous agir contre la précarité menstruelle en faisant un don à des associations caritatives qui fournissent des serviettes et des tampons à ceux qui en ont besoin. Les adolescentes peuvent commencer à faire campagne dans leur pays, rappeler aux décideurs qu’ils doivent cesser de les ignorer. Je pense que si nous n’aimons pas la façon dont le monde fonctionne, nous avons la possibilité de le changer. Oui, nous pouvons changer le monde si nous sommes déterminées à y arriver. Un mot de notre partenaire, Hachette Romans Un partenariat qui a du sens, haut en féminisme, en représentation et en culture ! Chez Hachette Romans, on publie des livres qui éveillent au débat, qui rendent heureux et qui ouvrent l’esprit. Mais surtout des livres qui parlent de féminisme, qui décomplexent et prônent l’empowerment. Avec Hachette Romans, nous voulons offrir des role models aux futures générations de femmes. Parce que nous affirmons qu’il n’existe pas une féminité, mais qu’il tient à chaque femme de définir la sienne. Et que nous continuerons de militer pour faire entendre les voix des plus jeunes féministes d’entre nous. Parce que la révolution, c’est avec nous qu’elle commence. “C’est important de fabriquer des serviettes hygiéniques réutilisables car parfois on n’a pas assez d’argent pour acheter des serviettes chaque mois.” Au Vanuatu, en pleine mer de Corail, des femmes surnommées “les mammas” fabriquent des serviettes hygiéniques en tissu. Ce projet, “Mamma’s Laef”, est mis en lumière dans un magnifique reportage de Brut, à regarder ici. D’après une enquête de l’UNICEF datant de 2019, 55% des filles ratent l’école au moins un jour pendant leurs règles dans cet archipel de Mélanésie. Mamma’s Laef leur vient donc en aide, mais a aussi pour objectif de limiter les déchets, de soutenir l’économie locale et d’offrir aux femmes plus d’indépendance. Des news à nous faire passer concernant la lutte contre la précarité menstruelle dans le monde ? Faites-vous entendre avec le hashtag #StopPrécaritéMenstruelle |
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