8 décembre 2020 Les Petites Glo c’est la newsletter où on apprend à changer le monde avec Chloé Thibaud. Changer le monde, oui. Même quand on n’a ni pouvoir ni argent. Si on vous a transféré cet email, vous pouvez vous inscrire – gratuitement – ici. Dans l’État de Washington, aux États-Unis, les cours d’éducation sexuelle sont récemment devenus obligatoires, de la maternelle à la terminale. Et pas n’importe quels cours. Des cours où l’on apprend à créer des relations saines, à fixer des limites, où l’on parle du consentement, du genre, du plaisir. Et tout ça, on le doit… à une bande d’ados. “Il y a beaucoup de jeunes qui n’ont pas accès aux informations dont ils ont besoin, a confié Lilienne Shore Kilgore-Brown, 18 ans, à Teen Vogue, ce qui veut dire qu’il y a des gens qui, juste par manque d’éducation, sont moins susceptibles d’être autonomes, de connaître leur propre corps et leurs droits.“ Avant de présenter leur projet de loi, Lilienne et ses camarades se rendaient régulièrement dans les écoles locales pour sensibiliser les élèves de leur âge. Leur investissement a payé : non seulement parce qu’à l’échelle de cet État, c’était la première fois qu’un référendum se tenait sur le sujet, mais surtout parce qu’ils ont largement obtenu gain de cause (60% de votes favorables). Aux États-Unis, aucun mandat fédéral n’impose des cours d’éducation sexuelle, ce qui signifie que chaque État est libre de décider s’il en propose et sous quelle forme (ce qui explique pourquoi, dans de nombreux établissements américains, il est possible de prôner l’abstinence comme seul moyen d’éviter une grossesse non désirée…). Et en fait, si je vous en parle, c’est parce qu’en France, la situation est censée être différente : l’éducation sexuelle est inscrite dans la loi depuis 2001. J’écris “censée être“ car, en regardant de plus près, nous ne sommes pas vraiment plus avancés que les Américains. La semaine passée, des extraits d’un manuel de 72 pages sur “l’éducation sentimentale et sexuelle“, mis à la disposition des élèves d’un lycée catholique du Finistère, ont circulé sur les réseaux sociaux et créé la polémique. Pourquoi ? Parce que les pages de cette revue sont à vomir. On peut y lire, par exemple, que « l’homosexualité résulte souvent d’une évolution psychique marquée par l’influence excessive ou insuffisante du père ou de la mère dans l’enfance ; ou suite à des perversions d’adultes qui ont provoqué une attirance pour le même sexe, ou une peur de l’autre sexe » ou que « microjupe, nombril à l’air, pantalon taille basse, string, décolleté vertigineux, dos nu invitent à des suites voluptueuses“, avec pour conclusion, un bon vieux “si on te drague, c’est ton problème ». “Ne faites pas de sexe. Sinon vous tomberez enceinte et vous mourrez.“ La scène culte du cours d’éducation sexuelle dans Lolita malgré moi. Or, dans l’article L312-16 du code de l’éducation qui prévoit « une information et une éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles“, il est requis que les préjugés sexistes et homophobes soient abordés – et dénoncés, cela va sans dire. Comment de telles aberrations peuvent-elles donc se retrouver entre les mains de lycéen·ne·s ? Certes, il s’agit d’un établissement bien précis et nous ne devons pas généraliser. Mais en vous interrogeant sur vos cours d’éducation sexuelle, je me suis aperçue qu’il y avait encore beaucoup de progrès à faire. Lucas, 18 ans, m’a détaillé ceci :
D’après une enquête de 2016 menée par le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, 25 % des écoles élémentaires, 11 % des lycées et 4 % des collèges déclarent n’avoir mis en place aucun cours d’éducation sexuelle. C’est encourageant, mais ce n’est pas suffisant. Dans l’article de Teen Vogue que j’ai précédemment cité, Nicole K. McNichols, professeure de psychologie à l’Université de Washington, à Seattle, explique que les pays qui ont un programme complet d’éducation sexuelle débutant dès la maternelle “ont des taux plus faibles de grossesses non planifiées, des taux plus faibles d’infections sexuellement transmissibles, et que leurs habitants, en particulier les femmes, déclarent avoir une expérience sexuelle plus positive lors de leur première fois“. Camille, Petite Glo de 17 ans, m’a raconté qu’elle n’a eu qu’un seul cours d’éducation sexuelle de toute sa scolarité :
Rien d’étonnant, donc, à ce qu’un quart des filles de 15 ans ignorent qu’elles en possèdent un. D’ailleurs, si vous voulez agir en faveur d’une éducation sexuelle digne de ce nom, vous pouvez commencer par signer cette pétition “Pour un enseignement du clitoris dans tous les manuels de SVT“. Et pour aller plus loin, n’hésitez pas à secouer vos profs, à lancer votre propre pétition au sein de votre collège/lycée, pour réclamer ces cours qui vous sont dus. Pensez à Lilienne Shore Kilgore-Brown. Ok, son nom n’est pas facile à retenir. Mais son action, elle, est inoubliable. Les box et pochettes de Noël Les Glorieuses sont disponibles <3 Rendez-vous dans notre boutique pour les découvrir !Les recommandations de ChloéJe vous avais parlé de son merveilleux film Adolescentes dans une précédente newsletter. Sébastien Lifshitz a réalisé un nouveau documentaire, Petite fille, qui raconte le parcours de Sasha, 7 ans, née dans le corps d’un garçon. Il FAUT l’avoir vu. Et ça tombe bien, il est disponible intégralement sur le replay d’ARTE jusqu’à fin janvier. Vous rêvez de créer votre propre podcast ? “Une fois une voix” est un concours destiné aux adolescent.e.s. Pour sa première édition, le thème choisi est celui du travail des femmes, qui pourra être abordé sous différents angles : les métiers du “care”, les inégalités salariales, le travail domestique… Pour participer, ça se passe ici. Le déconfinement, c’est pour bientôt (yeeeeeees) ! Et si vous fêtiez ça en allant à la Galerie de l’Instant, dans le 3ème arrondissement de Paris, pour visiter une expo gratuite consacrée à l’artiste mexicaine Frida Kahlo ? D’ailleurs, je vous conseille cette biographie de Frida Kahlo de la collection Les Grandes vies chez Gallimard Jeunesse (imaginée pour les 8-13 ans). C’est le cadeau de Noël idéal pour faire découvrir cette icône à votre petite sœur ou cousine. “Féministe, oui. C’est la seule étiquette que je ne décolle pas.” L’artiste Anne Sylvestre est décédée lundi dernier. Ses chansons pour enfants ont bercé mes tendres années, et c’est en vieillissant que j’ai découvert son œuvre “pour adultes”, poétique, engagée, immense. Mes Petites Glo, s’il vous plaît, ne refermez pas la newsletter sans avoir écouté “Une sorcière comme les autres”. |
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