Découvrez la newsletter #Economie qui réinvente les modèles

Lorsqu’une bibliothèque meurt, c’est comme si un pan de l’histoire brûlait. On refuse aux livres leur fonction première : nous aider à interpréter nos vies. Et lorsqu’il s’agit d’une bibliothèque féministe, c’est l’histoire des femmes qu’on invisibilise. Cette bibliothèque existe aujourd’hui. Et cette bibliothèque va disparaître. C’est la bibliothèque Marguerite Durand. Il s’agit d’un endroit qui archive tout ce qui a trait à l’histoire des femmes en France. Fondamental donc si nous voulons créer un imaginaire collectif où les femmes sont les égales des hommes.

Saviez-vous qu’il s’agit de la seule bibliothèque féministe en France ? On ne le savait pas. Elle existe depuis 1932 et a été créé par la journaliste Marguerite Durand. Aujourd’hui, la Mairie de Paris prévoit son déménagement, synonyme pour toutes les personnes qui y travaillent de disparition.

Pourquoi les livres, les bibliothèques, la transmission, nous tiennent tant à coeur ? Car ils sont fondamentaux dans notre lutte dans la construction de cet imaginaire culturel. Et surtout, comme le dit l’historienne Christine Bard au micro de Lauren Bastide dans La Poudre,  « la prise de conscience féministe vient de la rencontre entre une lecture et une expérience. Les observations que l’on peut faire dans sa famille, dans son milieu de travail… » Elle ajoute que Marguerite Durand disait elle-même qu’on parle de conversion féministe. Et cette conversion ne peut avoir lieu sans les livres.

Rappelons-le, ce sont les livres qui ont libérés les femmes. Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir a permis aux femmes de se poser enfin la question : qu’est-ce que ça  signifie pour moi être femme ? Le livre Le complexe d’Icare d’Erica Jong les a libéré du carcan freudien en les déculpabilisant par rapport au sexe. Le dernier livre de Gloria Steinem, Ma vie sur la route, nous a appris qu’un changement ne se fait pas derrière un écran, il faut multiplier les moyens d’action, prendre la parole, manifester, s’exprimer dans des conférences…

« Je me tiens / sur les sacrifices / d’un million de femmes avant moi / en pensant / Que puis-je faire / pour rendre cette montagne plus grande / afin que les femmes après moi / puisse voir plus loin – héritage » Rupi Kaur, The Sun and her Flowers.

La méconnaissance, voire l’invisibilisation, des écrits de nos aîné·e·s empêchera toute nouvelle prise de conscience. Il ne s’agit néanmoins pas de vouer un trop grand respect pour nos aîné·e·s en nous enfermant dans une adoration stérile de leurs écrits.  « Transmettre n’est pas reproduire des schémas existants, comme une copie claquée sur des modèles passés » commence la rabbine Delphine Horvilleur (Comment les rabbins font les enfants). « La transmission d’une identité n’est jamais une réplication à l’identique. A l’image de la reproduction sexuée, l’inédit y surgit à chaque génération par la rencontre d’un autre qui nous fertilise et fait naître du nouveau et de l’inattendu. » Il ne s’agit donc pas de reproduire les idées à l’identique mais de les interpréter, de les réinterpréter constamment. Pour se les approprier et pour avancer dans notre réflexion. D’ailleurs, Anaïs Nin a écrit un jour dans son journal « Je crois qu’on écrit pour créer un monde dans lequel on puisse vivre », on pourrait ajouter qu’on lit pour créer un monde dans lequel on désire vivre.

Les Glorieuses soutient la bibliothèque Marguerite Durand.

Rendez-vous samedi 18 novembre à 14h devant pour une inscription massive à la bibliothèque, 79 rue Nationale 75013 Paris (métro : Olympiades).

Signez la pétition.

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