Bienvenue dans La Preuve, un supplément de la newsletter Impact créée pour vous aider à mieux comprendre les inégalités de genre — et comment on pourrait les résoudre grâce aux sciences sociales.
Cette newsletter vous est offerte par le programme For Women In Science de la Fondation L’Oréal. Pas de paix sans les femmespar Josephine Lethbridge
“Nous avons déjà tellement parlé de nos difficultés mais tout le monde ne fait qu’écouter. Tout le monde écoute. Personne ne fait rien […] juste écouter, enregistrer et prendre des photos. Il ne s’est rien passé. Donc je n’ai même plus envie de parler. » Ce sont les mots d’une ancienne combattante du district de Bardiya, dans l’ouest du Népal. Elle faisait partie des nombreuses femmes à avoir rejoint la révolte maoïste et à combattre dans la guerre civile népalaise qui a duré de 1996 à 2006. Douze ans plus tard, en 2018, elle a Cette différence de genre a surpris Prakash Bhattarai, qui a dirigé la partie népalaise du projet, également mené au Sri Lanka, où une guerre civile Aujourd’hui, alors que la guerre fait rage à Gaza, au Soudan et en Ukraine, il peut sembler Concernant les conflits dévastateurs de 2024, Karen Brounéus, qui a dirigé l’étude au Sri Lanka et au Népal, affirme que la communauté internationale doit “s’assurer que les femmes soient incluses dans le processus de paix pendant que la guerre est encore en cours. Des travaux antérieurs montrent que lorsque les femmes sont impliquées de manière influente et significative dans les processus de paix, cela diminue le risque de reprise de la guerre et augmente la légitimité et la qualité de l’accord de paix.” Voici la preuveAu Népal et au Sri Lanka, le scepticisme accru parmi les femmes n’a été observé que pour les programmes locaux de vérité et de réintégration : aucune différence d’opinion n’a été constatée pour les initiatives nationales. Mais tous ces éléments de la “boîte à outils” post-conflit sont souvent requis et appliqués par des organismes internationaux dans les zones post-conflit comme condition préalable à la réception de fonds vitaux. Karen Brounéus a commencé à travailler sur le genre et la paix il y a 20 ans au Rwanda, La dernière étude au Népal et au Sri Lanka démontre un schéma courant. Des problèmes similaires ont été observés dans d’autres zones post-conflit, y compris aux Îles Salomon. Karen Brounéus, Prakash Bhattarai et leurs collègues concluent que la pratique internationale de consolidation de la paix ne prend pas en compte les insécurités quotidiennes auxquelles les femmes font face après la guerre – et qu’elle doit changer. Karen Brounéus m’a expliqué : “Nous savons que les violences contre les femmes augmentent pendant et après la guerre. Mais un accord de paix ne signifie pas la paix à la maison ou la sécurité à la maison. En fait, la violence continue. Et en plus de cela, il y a des initiatives Saisir chaque opportunité de changementLes effets de cet échec sont particulièrement frappants dans le contexte népalais. Environ un tiers de l’Armée populaire de libération maoïste était composé de femmes. Beaucoup étaient attirées par les rebelles maoïstes parce qu’elles voyaient une opportunité de démanteler les hiérarchies sociales oppressives de genre, de caste, d’ethnicité et de religion qui régissaient la vie au Népal. L’égalité de genre était centrale au Pourtant, bien qu’il y ait eu des victoires féministes significatives sur le plan politique (avec 33 % des sièges aux niveaux fédéral et local réservés aux femmes depuis 2015, un résultat direct des revendications maoïstes), le changement réel n’a Peut-être pire encore, la justice pour les victimes de la guerre n’a pas été priorisée. Le conflit a eu un impact particulièrement dévastateur sur les femmes népalaises. Des milliers ont été tuées, enlevées, disparues et rendues sans abri. Le viol, les abus sexuels et la torture des femmes étaient Le processus de Vérité et Réconciliation du Népal, qui a débuté en 2015, a reçu plus de 63 000 plaintes pour violations des droits humains. Mais 17 ans après “Trop peu d’écoute”Alors : quelle part de tout cela est dûe aux échecs de la consolidation de la paix internationale ? Et comment pouvons-nous faire mieux “Pendant l’un de mes premiers voyages au Sri Lanka”, m’a dit Karen Brounéus, “quelqu’un m’a dit : ‘Vous devez dire à Genève d’arrêter de nous faire pression pour mettre en place ces processus de vérité’.” Beaucoup, comme les femmes au Népal, estimaient qu’elles avaient raconté leurs histoires tellement de fois, mais qu’on ne les écoutait pas. Elles ressentaient que rien n’était ressorti des commissions. Elle a observé la même chose aux Îles Salomon, où les ex-combattant·es n’avaient pas dit toute la vérité et les attitudes à leur égard s’étaient en fait aggravées avec le temps.
D’après Karen Brounéus, cela ne signifie pas que les initiatives de vérité doivent être complètement abandonnées – au contraire, elles sont cruciales pour la paix et la confiance – mais plutôt que nous devrions changer d’approche. “Actuellement, la communauté internationale adopte souvent une approche trop uniforme ou coche des cases, et cette approche ne prend souvent pas en compte les besoins et insécurités particuliers des femmes”, explique-t-elle. Elle cite la Colombie comme le meilleur exemple à ce jour d’un processus de paix inclusif et sensible au genre. Quand les négociations ont commencé, il n’y avait qu’une seule femme à la table. Mais après une forte résistance du mouvement féministe colombien, la table de négociation est devenue plus représentative et l’accord incluait de nombreuses dispositions sur le genre, y compris la première inclusion des droits LGBTQ dans un processus de paix formel. Pourtant, cela n’a pas suffi : l’accord a ensuite été rejeté par le public lors d’un vote, et les promesses inscrites dans l’accord ne se sont pas concrétisées. Cela rejoint les préoccupations de Prakash Bhattarai. “Signer un accord de paix ou rédiger une nouvelle “La consolidation de la paix nécessite une intervention à long terme”, affirme-t-il. « Il s’agit de restructurer la société. Un engagement soutenu de 15-20 ans est nécessaire.” Mais alors que la guerre fait rage dans le monde entier, Karen “C’est ici que réside une graine essentielle pour la paix : commencer à entendre, à soutenir, à autonomiser celles et ceux qui continuent leur vie et travaillent pour la paix de manière en apparence Les études du moisVoici les études qui font parler d’elles dans la recherche sur les inégalités de genre :
Dites-nous ce que vous aimeriez lire !Nous aimerions savoir ce que vous pensez de La Preuve. Avez-vous des suggestions sur le format ou le contenu ? Sur quels sujets liés à la recherche sur l’égalité des genres souhaiteriez-vous particulièrement lire ? Quelles informations vous seraient particulièrement utiles ? N’hésitez pas à nous contacter et à nous faire part de ce qui vous plairait. À propos de nous
La Preuve est une newsletter créée pour vous aider à mieux comprendre les inégalités de genre — et comment on pourrait les résoudre. Impact est une newsletter hebdomadaire dédiée aux droits des femmes et des minorités de genre dans le monde entier.
La version en anglais est financée par Sage, la traduction est offerte par le programme For Women In Science de la Fondation L’Oréal. PS : La newsletter est également disponible en anglais.
|
Inscrivez-vous à la newsletter gratuite Impact (francais) pour accéder au reste de la page
(Si vous êtes déjà inscrit·e, entrez simplement le mail avec lequel vous recevez la newsletter pour faire apparaître la page)
Nous nous engageons à ne jamais vendre vos données.