Recommandez-nous à une amie | Lire la même chose en ligne Bienvenue dans la newsletter Les Petites Glo où on apprend à changer le monde même quand on n’a ni pouvoir ni argent. Recommandez cette newsletter à votre ami·e pour qu’il ou elle fasse bouger les choses aussi. Nous avons également trois autres newsletters qui pourraient vous intéresser, Les Glorieuses mais aussi la verticale Economie et IMPACT. Mardi 15 juin 2021 Pas tous les hommesJe profitais d’un pique-nique au soleil animé par des conversations en tous genres – mais principalement centrées sur les dates foireux, quand l’un des convives a lancé : “Oui mais quand même, avec #MeToo et compagnie, on ne sait plus comment s’y prendre pour vous draguer, les filles… C’est vrai, quoi ! On n’ose plus rien faire, on a peur que le moindre truc se retourne contre nous.” Avec mes amies, nous avons pris le temps de lui donner notre point de vue sur sa remarque et de lui expliquer pourquoi elle est problématique. Nous ne nous sommes pas disputés, l’échange était intéressant… mais j’en suis ressortie avec un sentiment de lassitude. “On n’est pas tous comme ça !”,a-t-il répondu quand nous multipliions les exemples de harcèlement qui ne dit pas son nom et essaie de se faire passer pour du flirt. Bien sûr qu’ils ne sont pas tous comme ça. Heureusement qu’ils ne sont pas tous comme ça. Cependant, “il faudrait vraiment que les mecs arrêtent de dire ‘Not All Men’, m’explique Emanouela Todorova, créatrice de la page Instagram @disbonjoursalepute. Quand ils disent ça, ils détournent l’attention du sujet abordé, en l’occurrence une violence sexiste ou sexuelle, et ils recentrent de nouveau le sujet sur eux alors qu’on est en train de parler des victimes ! Les femmes savent pertinemment que tous les hommes ne sont pas des harceleurs et des violeurs mais, en fait, il y en a tellement qu’on utilise forcément le masculin quand on parle du harcèlement et du viol.” Les Petites Glo, s’il faut évidemment se méfier des généralisations et éviter au maximum d’y avoir recours, elles peuvent mettre en lumière des faits réels. Depuis le mois de mars, une vidéo de @kristinamaione est devenue virale sur TikTok et a été reprise par Lily O’Farrell, l’illustratrice géniale du compte @vulgadrawings. Kristina y propose une analogie très pertinente :
Si cette métaphore ne suffit pas à vous convaincre, les chiffres devraient y parvenir. Selon différentes études (à retrouver ici, ici ou ici), 96 % des auteurs de viol sont des hommes et 91% des victimes sont des femmes. Par ailleurs, vous vous souvenez sûrement d’une enquête que nous avions menée pour Les Petites Glo révélant que 99% des filles de 14 à 24 ans ont déjà vécu une situation de harcèlement de rue et que, dans 95% des cas, elles ont été harcelées par un ou plusieurs hommes. Not all men, but all women. Le rappeler, ce n’est pas être misandre, ce n’est pas vous inviter à haïr les hommes, ce n’est pas oublier que les violences commises par des femmes existent et que les hommes sont aussi victimes de ces violences. C’est nous permettre à toutes et tous de réfléchir aux moyens qui nous feraient de sortir de cette réalité insupportable. C’est en ce sens que j’ai voulu échanger avec Emanouela Todorova qui vient de sortir un livre pédagogique inspiré de sa page Instagram, Dis bonjour sale pute (aux éditions Leduc). “J’ai voulu faire ce livre pour qu’il soit disponible dans les collèges et les lycées, m’a-t-elle confié, pour éduquer les générations futures.” Nous pensons toutes les deux que tout est une question d’éducation. “Il ne faut rien laisser passer, dès le plus jeune âge. Si on remarque – et ce dès l’école primaire – qu’un tel coupe systématiquement la parole aux filles, les empêche de jouer au foot, qu’il se moque d’un garçon qui pleure, il ne faut pas hésiter à prendre la parole, à lui dire que c’est nul. Plus les gens prendront la parole tôt, plus ces comportements pourront être stoppés et remis en question. Et quand tu es un garçon, il faut avoir en tête que fermer les yeux c’est être complice. Si tu n’es pas en accord avec les agissements de ton pote, il faut alerter, réagir. Car si personne ne le dénonce, ça ira plus loin. C’est comme ça qu’on arrive à des agissements de plus en plus cruels et dangereux : en laissant faire.” En ce moment au cinéma, le film Promising Young Woman de Emerald Fennell met en scène Cassie, une trentenaire interprétée par Carey Mulligan, qui ne (se) laisse clairement pas faire. Sa démarche ? Faire semblant d’être ivre pour qu’un homme la ramène chez lui et qu’elle voie s’il demande et respecte son consentement avant de la toucher. Son constat ? Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, et ceux qui ont l’air le plus gentil et bienveillant s’avèrent les pires. Bien que ce thriller soit tout public en France (les Américains l’ont interdit aux moins de 17 ans), je ne le recommande pas aux plus jeunes d’entre vous. En sortant de la salle, je me suis immédiatement dit que si nous nous “““amusions””” à faire l’expérience, nous obtiendrions sûrement les mêmes résultats. Puis j’ai réfléchi, bien badé, échangé avec d’autres personnes qui l’ont vu, et je me suis rassurée comme je l’aurais fait avec un.e enfant qui vient de voir Blanche-Neige et a eu peur de la sorcière et sa forêt hyper creepy. Ce n’est qu’un film… n’est-ce pas ? “Bien sûr qu’il y a des hommes biens, me dit Emanouela Todorova quand j’aborde ce point, les ados qui lisent ta newsletter en connaissent forcément – leur papa, leur voisin, leur frère, leur meilleur ami. Quand on utilise des généralités, c’est pour aller à l’essentiel des informations qu’on donne, mais même si les chiffres sont élevés, ils ne représentent pas 100% des hommes !” Dans le film Promising Young Woman, Carey Mulligan joue le rôle de Cassie, une trentenaire bien décidée à lutter contre les violences sexuelles. Dans le lexique qui se trouve à la fin de son ouvrage figurent les termes “allié du féminisme” et “pro-féministe”. Je suis interpellée : les garçons ne peuvent-ils pas tout simplement se revendiquer “féministes” ? “On parle d’allié féministe lorsqu’un homme comprend les revendications et les luttes des féministes et souhaite les soutenir, activement ou pas, détaille Emanouela. Je suis pour que les hommes se considèrent comme féministes mais cela peut sembler paradoxal puisque le féminisme combat la société patriarcale qui les privilégie en tant qu’hommes. Mais bon, tant que ça fait avancer la lutte, on utilise le terme qu’on veut !” Ce qui est drôle – enfin, non, pas du tout – c’est que revendiquer son étiquette de “mec féministe” est devenu pour certains une technique de drague. Spoiler alert : nous ne sommes pas dupes. Alors, puisque l’été approche et que vous allez peut-être connaître vos premières amours de vacances, un rappel s’impose. À ceux qui “ne savent pas comment s’y prendre” et ont “peur que le moindre truc se retourne contre eux” : “Faites juste preuve de bon sens, insiste l’autrice de Dis bonjour sale pute. Quand tu vois que la personne en face de toi n’est pas intéressée, qu’elle n’a pas envie de te parler, lâche l’affaire ! Il y a cette culture qui voudrait que derrière le ‘non’ d’une femme il y a un ‘oui’ qui se cache et qu’il faut insister pour l’obtenir… Ce n’est pas du tout comme ça que ça fonctionne. Les hommes peuvent tenter des approches, dans des endroits favorables à la drague comme les bars, les clubs, les soirées chez des amis, mais ils doivent cesser d’être lourds et se montrer conscients du consentement ou du non-consentement de celles qu’ils abordent. Et quand on n’est pas capable d’analyser la personne en face, qu’on n’est pas sûr qu’elle ait envie qu’on lui parle, il vaut mieux ne rien faire afin d’éviter toute situation qui ne serait pas normale.” En mars 2021, Emanouela a créé son association inclusive DBSP Stop au sexisme de lutte contre le harcèlement sexiste et les violences sexuelles afin de pouvoir intervenir prochainement dans vos établissements scolaires. Je vous souhaite de faire sa rencontre. Lorsqu’elle était ado, sous prétexte qu’elle était bulgare dans un petit village alsacien, qu’elle avait des boutons, de la moustache, un appareil dentaire et ne portait pas de vêtements à la mode, elle a été victime de harcèlement scolaire. Lorsqu’elle était étudiante, elle a été victime de harcèlement moral dans l’entreprise où elle faisait son alternance. Et, comme nous toutes, elle a été victime de harcèlement de rue. Son témoignage et la façon dont elle s’en sert pour éveiller les consciences sont précieux. Mais ce qui l’est d’autant plus, c’est son optimisme : “Oui, je reste très optimiste, conclut-elle. Les nouvelles générations vont devenir des badass, je pense qu’on est déjà en train de changer le monde. Bravo à toutes et tous pour l’engagement et le travail mené au quotidien : chez vous avec votre père, vos frères, à l’école avec vos potes… Continuons toutes et tous ensemble !” 86% des personnes indiquent ne pas savoir comment réagir face au harcèlement sexuel dans l’espace public*. Parce que le harcèlement de rue est l’une des premières barrières à l’égalité femmes-hommes, L’Oréal Paris a lancé en mars 2020 le programme Stand Up contre le harcèlement de rue, en partenariat avec l’ONG américaine Hollaback! et la Fondation des Femmes. L’objectif ? Former un maximum de personnes, femmes et hommes, à réagir en tant que témoin. En 15 minutes, sur standup-france.com, tu peux apprendre la méthode des « 5D » : Distraire, Déléguer, Documenter, Diriger, Dialoguer – cinq gestes simples mais efficaces pour intervenir en toute sécurité. À ce jour, plus de près de 250 000 personnes dans le monde ont déjà été formées grâce à Stand Up : toi aussi apprends à réagir gratuitement, et aide-nous à en parler. Nous faisons toutes et tous partie de la solution ! * Sondage mené par L’Oréal Paris et Ipsos en mars 2019, « Sondage mondial sur le harcèlement sexuel dans les lieux publics ». – Par L’Oréal Paris, en partenariat avec Hollaback! et la Fondation des Femmes Les recommandations de ChloéVous connaissez Loki, le dieu et super-vilain de l’univers Marvel ? Dans la série diffusée sur Disney+ depuis le 9 juin, le personnage est présenté comme étant “gender fluid”. À Chavagnes-en-Paillers, en Vendée, des élèves de troisième ont participé à un concours d’affiche contre le sexisme et c’est un garçon qui a gagné ! Désormais, tous les vendredis soirs, une bande de chroniqueuses archi cool parlent de sexe dans Hot Line, le podcast chaud avec que des meufs au micro. C’est un gros canular signé Dakota Fink. “Rappelez-vous l’époque où les hommes ne savaient pas que nous devions retirer des couches de peau après nos règles”, a-t-elle commenté sous une vidéo TikTok où elle retire simplement un masque pour le visage. Ils ont été nombreux à tomber dans le panneau… La preuve (s’il en fallait une de plus) que l’on doit éduquer davantage à la question des règles. En Espagne, depuis le mois de novembre 2020, des professeurs et élèves masculins viennent à l’école en jupe par solidarité envers un élève qui a été expulsé car il en portait une. La mobilisation est nationale et a pour but de lutter contre les discriminations sexistes. (Si vous parlez espagnol, vous pouvez suivre le hashtag #LaRopaNoTieneGenero, “Les vêtements n’ont pas de genre”.) Pendant ce temps-là, en France, un prof d’un collège de Laval aurait dit à plusieurs élèves qui portaient des crop tops : “Vous êtes habillée comme une conne”, “Il ne faut pas s’étonner de se faire violer”. Si ça vous révolte et que vous avez envie d’agir pour que ce genre d’actualité n’existe plus, pourquoi ne pas vous former à l’activisme ? Hélène Guinhut consacre un dossier passionnant à ce sujet dans le magazine ELLE (et elle parle de La Masterclass des Petites Glo). Vous reprendrez bien une petite part d’autopromo ? Blague à part, j’ai eu l’immense plaisir d’être invitée dans La maison des parents sur France 4, pour une émission consacrée à la relève féministe diffusée jeudi dernier. Je vous invite vivement à la regarder parce que Luli (16 ans) et Lou (18 ans), les témoins qui étaient à mes côtés, sont tout simplement géniales (et très inspirantes) ! 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