16 septembre 2020 Bienvenue aux nombreuses nouvelles inscrites à la newsletter Les Glorieuses. Chaque mercredi, vous recevez une analyse féministe de l’actualité et des liens vers des articles inspirants et des événements qu’on soutient. Si on vous a transféré cet email, vous pouvez vous inscrire – gratuitement – ici et nous contacter à [email protected]. Alors que Jeanne entrait au Musée d’Orsay le 8 septembre dernier, l’agente chargée de vérifier les réservations lui a barré la route. « Ah non ça ne va pas être possible, ça n’est pas possible, ça ne passera ça ». L’histoire, racontée par Jeanne dans une lettre ouverte au musée sur Twitter, paraît invraisemblable. Les agent·e·s refusent qu’elle entre, sans lui dire pourquoi, tout en regardant ostensiblement son décolleté. L’étudiante comprend alors que « ça » désigne ses seins, un peu trop voyants selon les agent·e·s. Ces dernier·e·s lui demandent de se « calmer », alors qu’elle est tout à fait calme. L’un d’entre eux, se croyant dans sa minute de gloire (et probablement dans son droit) s’exclame : « Les règles sont les règles ». Sauf qu’il n’existe aucune tenue vestimentaire exigée dans le règlement intérieur du Musée d’Orsay. Quelques jours plus tôt, le zèle venait d’un autre agent, Ralph Zurmély, « chargé de mission accès au droit » au « Ministère délégué chargé de l’égalité femmes-hommes ». Ce fonctionnaire a, de son initiative personnelle, menacé une maison d’édition indépendante, Les Editions Monstrograph, de poursuites pénales si elles n’arrêtaient pas la vente d’un nouvel essai féministe, « Moi les hommes, je les déteste » de Pauline Harmange. Si le titre est provocateur (n’est-ce pas tout l’enjeu d’un titre d’essai ?), le fond est une réflexion mesurée sur l’intérêt de la misandrie militante. Ralph Zurmély, qui n’a pas l’autorité pour interdire un livre, se fait évidemment rappeler à l’ordre par l’Observatoire pour la liberté de création : « Vous n’avez aucune autorité juridique pour demander le “retrait” d’un livre, n’étant pas le ministère de l’Intérieur, lequel, à notre connaissance, n’est pas saisi selon la procédure ad hoc. Enfin, vous n’avez aucune autorité intellectuelle pour demander ce retrait, votre démarche relevant à l’évidence d’un contre-sens à la fois sur les missions que vous prétendez défendre et sur le livre que vous n’avez pas lu. Nous vous demandons fermement de revenir sur votre demande et d’adresser vos excuses à l’éditeur » (lire toute l’histoire sur Mediapart). Si le ministère a désavoué son agent en indiquant qu’ « il s’agit d’une initiative personnelle et totalement indépendante du ministère » et qu’ « en aucun cas, elle n’engage le ministère », Ralph Zurmély n’est nullement sur la même ligne inquiété de son action. Pire, il persiste. A ces deux incidents, s’ajoutent des lycéennes privées d’aller en cours par un conseiller principal d’éducation car leur tenue ne serait pas acceptée, ou encore une jeune femme harcelée sur les réseaux sociaux parce qu’une journaliste du Figaro a décidé par elle-même que derrière le port de son voile se cachait un prosélytisme terroriste. Ces « incidents » se sont tous déroulés dans les deux dernières semaines en France. Ce sont des réactions sexistes et racistes qui devraient être des incidents isolés. Mais nous n’avons pas le temps d’en analyser un, qu’un autre vient s’ajouter le lendemain. Ma question est, le zèle de ces agents est-il le fruit du hasard ? La réponse évidente, c’est non. Cela ne veut pas dire qu’il existe un énorme complot gigantesque caché mais que ces personnes ont été élevées et évoluent encore aujourd’hui dans une société qui leur intime de penser qu’un trop grand décolleté nuirait à l’ordre public ou encore que des idées féministes mettraient en péril l’Etat français. Ma question suivante est le zèle des fonctionnaires patriarcaux est-il la symbolique d’un mal-être plus large ? Car dans les deux cas il s’agit d’agent·e·s, qui pensant bien faire, essaient de faire appliquer une règle pour garantir l’ordre public. Sauf que dans les deux cas, les Même lorsque les règles n’existent pas, les racines du patriarcat sont si profondément ancrées que les agent·e·s estiment qu’elles ont cours. Avec une nuance à apporter pour l’agent du ministère puisque, même lorsqu’il lui est Ce qui m’intéresse ici c’est la diligence des agent·e·s. Pourquoi existe-il une assiduité pour une règle qu’ils pensent exister et qui empêche directement deux femmes de faire ce qu’elles souhaitent : entrer dans un musée / publier un livre ? Ce zèle intervient à un moment où les pensées féministes n’ont jamais été aussi partagées. Un sondage montre que 69 % des Français·e·s sont convaincu·e·s de « vivre dans une société patriarcale (étude annuelle sur les « Fractures françaises », Nulle envie de rejeter la faute de ces incidents sur les seul·e·s agent·e·s ni sur la société en règle générale. Ce serait contre-productif et faux. Mon propos est de souligner qu’il est du devoir des institutions de dé-masculiniser les règles, de sensibiliser et former leurs agent·e·s. Il est également du devoir des ministres de faire davantage qu’un tweet de soutien et réformer en profondeur nos institutions qui sont l’héritage de politiques où les femmes n’avaient pas leur mot à dire. Et ce temps-là est bien révolu. La revue de presse Charlotte Pudlowski, journaliste et co-fondatrice de Louie Media, que vous connaissez probablement aussi comme la voix de Transfert (mais si… le podcast avec l’histoire d’amour sur le bateau… voilà) vient de lancer une nouvelle série du podcast Injustices, « Ou peut-être une nuit ». Elle y parle de l’histoire de sa mère, survivante d’un pédocriminel. On apprend par exemple que les enfants victimes de pédocriminalité développent des mécanismes bien spécifiques qui restent quand ils deviennent adultes. Ils oublient tout, ils pensent qu’ils ne sont pas de La nouvelle saison des Petites Glo vient de commencer ! Pour la newsletter de rentrée, Chloé Thibaud a rencontré Iris qui a suivi le mouvement du Lundi 14 septembre. Pour vous la faire courte : heureusement Faut-il être femme pour philosopher ? C’est la question posée par Vanina Mozziconacci alors que quelques femmes et quelques non-occidentaux ont été ajoutés au programme de terminale (pas des masses non plus, faut pas déconner). Le New York Times a publié un article (en français) sur les nouvelles divisions qui Paris Hilton, 39 ans, dit avoir joué un rôle pendant 20 ans. Et qu’elle est désormais prête à être elle-même. J’ai cliqué, j’ai aimé, je suis sûre que vous aussi. Connaissiez-vous Catherine Dulac Dans cette adaptation de son livre « Letter to my rage », l’autrice Lidia Yuknavitch se demande si sa rage évolue comme elle, elle « Pour être clair, je sais que l’élitisme, le racisme, le sexisme et de nombreux obstacles institutionnels existent dans l’industrie du journalisme. Mais jusqu’en 2019, je n’avais entendu parler que de ces choses. Je suis maintenant en mesure de dire que j’ai vécu personnellement l’élitisme corrosif de cette industrie ». Le journaliste américain Omar Rashad raconte comment son statut économique l’a empêché d’entrer dans une université privée et d’avoir un stage en tant que journaliste. Je suis tombée par hasard sur cette série Netflix, The Duchess. C’est l’histoire d’une mère qui a une relation beaucoup trop fusionnelle avec sa fille. C’est AbsFab aujourd’hui. Je recommande complètement Information partenaire Connaissez-vous BULB, l’énergie verte, moins chère, accessible à tous ? Participez au concours pour gagner 3 X 100€ sur votre énergie ! Pour cela, il suffit d’être abonné·e aux comptes Instagram Les Glorieuses et BULB et de laisser un commentaire ici ! L’agenda SAVE THE DATE – Le Club fait sa rentrée avec Camille Froidevaux-Metterie, chercheuse, professeure de science politique française, autrice de « Seins, en quête d’une libération ». Ses travaux portent sur les transformations de la condition féminine à l’époque contemporaine au prisme du corps. Elle échangera avec Rebecca Amsellem autour des utopies féministes. Pour vous inscrire, rendez-vous ici (gratuit pour les membres du Club). Un message de notre partenaire Marguerite & Cie L’an dernier, Rebecca la fondatrice des Glorieuses, avait adressé une pétition au ministre de l’Éducation réclamant un accès libre et gratuit aux protections périodiques bio dans tous les collèges et les lycées. « Nous avons lancé cette pétition après avoir notamment constaté que certaines jeunes filles séchaient l’école à cause de leurs règles », rappelle-t-elle. Et depuis ? Le gouvernement annonce une expérimentation en 2020 : la gratuité des protections dans plusieurs lieux collectifs. Marguerite & Cie expérimente déjà. Plus de 350 000 personnes menstruées ont accès à nos distributeurs (16 universités, une centaine de lycées, tous les collèges de la Mairie du 10ème, les sièges de grands groupes français, la prison des femmes de Rennes, etc.) #ChangeonsLesRègles #StopPrécaritéMenstruelle |
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