25 novembre 2020 Bienvenue aux nombreuses nouvelles inscrites à la newsletter Les Glorieuses. Chaque mercredi, vous recevez une analyse féministe de l’actualité et des liens vers des articles inspirants et des événements qu’on soutient. Si on vous a transféré cet email, vous pouvez vous inscrire – gratuitement – ici et nous contacter à [email protected]. Les corps des femmes ne leur appartiennent pas. Et cela commence jeune. Très jeune. La philosophe Manon Garcia cite Simone de Beauvoir pour décrire la première expérience de harcèlement de rue partagée par nombre de jeunes filles – 98 % des 14-24 ans parmi les personnes interrogées dans le cadre de notre enquête. « Devenir chair se produit pour la jeune fille à travers le choc terrible que constitue pour elle la prise de conscience qu’elle est regardée. Beauvoir cite une femme. Qui dit, en relatant sa première expérience d’un commentaire sur son physique dans la rue à l’âge de treize ans : “mais je n’oublierai jamais le choc ressenti soudain à me voir vue” » (On ne naît pas soumise, on le devient, Flammarion, 2018). Le harcèlement de rue participe à l’élaboration systémique de la soumission des femmes. Dès lors qu’une fille fait l’objet d’une violence dans l’espace public, elle adaptera son comportement aux risques encourus. Et cela commence tôt. L’enquête réalisée auprès du public des Petites Glo montre que 89 % des filles harcelées dans l’espace public l’ont été pour la première fois alors qu’elles étaient mineures. « À partir de la puberté, la femme va faire l’expérience d’un corps qui est objectif avant même de pouvoir être un corps-pour-moi : dans l’espace public, dans la rue, mais aussi dans les interactions familiales, la jeune fille va soudainement comprendre que son corps est sexualisé par le regard des hommes. Alors qu’elle n’attirait pas jusque-là d’attention particulière, elle va se voir vue, se voir examinée, se voir désirée. D’une certaine manière, elle va devoir prendre conscience qu’avec la puberté, son corps est devenu quelque chose qui ne lui appartient plus, qui est non plus son corps à elle, mais un corps de femme, c’est-à-dire dans le regard des hommes, un objet de désir ». Car ce harcèlement est le début d’une vie rythmée par l’objectification de leurs corps par le regard de certains hommes. Même si dans 98 % des cas, les filles ont été harcelées la dernière fois dans l’espace public par un ou plusieurs hommes, cela ne révèle pas que 98 % des hommes sont coupables. Si on ne peut pas en conclure que 98 % des hommes sont des harceleurs de rue, on ne peut non plus être naïve au point de croire que 1 % des hommes soient responsables à eux seuls de ces harcèlements. Et pourtant la « meilleure » – ou au moins la plus commune – solution qui a été choisie jusqu’à présent sont les discours à destination… des jeunes filles. « C’est une angoisse avec laquelle on apprend à grandir, parce qu’on ne nous laisse pas le choix. Très tôt, on nous explique qu’il ne faut pas parler aux inconnus dans la rue. Qu’il ne faut pas faire attention si l’on s’adresse à nous alors qu’on n’a rien demandé. Qu’il faut tracer notre route si quelqu’un s’approche de trop près. En tant que fille, on nous apprend à fuir », décrit la journaliste Chloé Thibaud dans la newsletter Les Petites Glo de cette semaine. L’intégration du danger participe à l’éducation des jeunes filles et l’acceptation de leur soumission. « Avant même que la jeune fille devienne complètement une femme et se mette à vivre son corps de femme, ce corps a une signification sociale d’objet sexuel. Son corps-pour-soi est d’abord un corps-pour-autrui, un corps qui la signale comme étant susceptible d’être sexuellement possédée. » Ces discours ne font pas partie de la solution, ils alimentent le problème : ce seraient aux jeunes filles d’adapter leurs comportements pour éviter les violences Je répète : 98 % des hommes ne sont pas coupables d’être des harceleurs de rue mais l’impunité avec laquelle les coupables continuent d’agir montre que les solutions trouvées jusqu’à présent ne sont pas efficaces. Pour continuer avec L’enquête Les Petites Glo Les newsletters Les Petites Glo et Les Glorieuses ont lancé une enquête du 13 octobre au 3 novembre 2020 pour connaître le vécu des femmes cis et trans de 14 à 24 sur le harcèlement dans l’espace public. L’enquête Les Petites Glo a été réalisée par questionnaire auto-administré et porte sur un échantillon de 1 238 filles et femmes entre 14 et 24 ans. Voici ses principaux enseignements. Les filles commencent à être harcelées mineures et sont souvent harcelées par un ou plusieurs hommes : Les techniques employées pour mettre un terme à une situation de harcèlement reposent sur : Le Club, c’est demain soir Pour son prochain rendez-vous, le jeudi 26 novembre, le Club vous invite à une conférence en ligne avec Audrey Célestine, l’autrice de « Des vies de combat – Femmes, noires et libres », publié aux Editions L’Iconoclaste, et avec l’actrice Aïssa Maïga qui en signe la préface. La conférence portera sur les utopies féministes et se tiendra de 19h à 20h sur Zoom ou sur Meet. Elle sera animée par Rebecca Amsellem. Pour vous inscrire, rdv ici Un message de notre partenaire L’Oréal Paris sur le programme Stand up contre le harcèlement de rue En France, 81 % des femmes ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics et seulement 20 % d’entre elles déclarent avoir été aidées par un témoin*. Mais comment réagir ? Stand Up est un programme international de formation créé par L’Oréal Paris en partenariat avec l’ONG Hollaback! et la Fondation des femmes, qui permet d’apprendre à intervenir lorsqu’on est témoin ou victime de harcèlement sexuel dans les lieux publics, sans se mettre en Basé sur la méthodologie des « 5D » (Distraire, Déléguer, Dialoguer, Diriger et Documenter), il apporte à chacun.e les outils et réflexes qui l’aideront au quotidien à identifier les situations de harcèlement et savoir comment réagir pour y mettre fin, grâce à 5 actions simples, mais qui peuvent être déterminantes. La formation Stand Up est accessible à tous.tes, rapide et gratuite, sur le site officiel du programme. * Sondage mené par L’Oréal Paris et Ipsos en mars 2019, « Sondage mondial sur le harcèlement sexuel dans les lieux publics ». – Par L’Oréal Paris, en partenariat avec Hollaback! et la Fondation des Femmes |