14 octobre 2020 Si on vous a transféré cet email, vous pouvez vous inscrire – gratuitement – ici et nous contacter à [email protected]. Mais que fait-il ? par Rebecca Amsellem (pour me suivre sur Twitter c’est ici et sur Instagram, c’est là) J’aurais pu mentionner le symbole, à l’ère post-#metoo, que représente la nomination d’une personne accusée de viol, de harcèlement sexuel ou d’abus de confiance comme ministre de l’Intérieur mais nous n’en sommes plus là. Je me rappelle que ce n’était pas de gaieté de cœur que les féministes sont descendues dans la rue à Paris, à Toulouse, à Grenoble… par milliers pour dénoncer la nomination de M. Darmanin comme ministre de l’Intérieur en juillet dernier. Masque sur le visage, nous savions que nous manifestions contre autre chose que la nomination d’une personne accusée de violences envers des femmes. Nous avions conscience qu’il avait droit à la présomption d’innocence, au-delà de ce qu’il représente. Après tout, il était possible que les personnes ayant déposé les deux plaintes aient tout inventé. Il était possible que Gérald Darmanin n’ait pas obligé une habitante de Tourcoing à avoir des relations sexuelles contre un logement et un emploi. Il était tout aussi possible que Gérald Darmanin n’ait pas abusé de la faiblesse de Sophie Patterson-Spatz alors que cette dernière lui demandait d’intervenir en sa faveur à la suite d’une décision de justice. D’ailleurs, aucune de ces accusations n’a abouti à une condamnation de l’actuel ministre de l’Intérieur. Et, lorsque nous avons décidé de manifester, nous avions conscience qu’il allait être soutenu par un gouvernement qui n’allait pas changer d’avis face à quelques milliers de manifestantes. C’est pour une tout autre raison que nous sommes descendues dans la rue. Nous savions. Nous ne sommes pas devines mais nous savions. Comment espérer qu’une personne accusée de viol, de harcèlement sexuel ou d’abus de confiance de la part de deux femmes décide d’augmenter le budget pour lutter contre les violences faites aux femmes ? Comment espérer un accompagnement des forces de l’ordre pour sauver celles qui auraient pu voir leur nom s’afficher au milieu des autres collages ? Comment espérer une avancée sur les politiques publiques contre les violences faites aux femmes quand cette personne est Gérald Darmanin ? Trois mois plus tard, les conséquences sont là. Ce sont deux couples du même sexe exfiltrés violemment par la police alors qu’ils s’embrassaient en marge d’un rassemblement de la Manif pour tous. Car ces baisers représentaient « un trouble à l’ordre public » selon la préfecture de police contactée par Têtu. Et c’est un ministre qui ne réagit pas. C’est une étudiante sur dix qui déclare avoir déjà été victime d’une agression sexuelle. Une sur vingt qui a été victime de viol (L’Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes dans l’enseignement supérieur). Et c’est un ministre qui ne dit rien. C’est une augmentation du nombre de féminicides en France en 2019. Et c’est un ministre qui… enfin, vous avez compris. Enfin, c’est une impunité. Il y a quelques semaines, le ministre a humilié la sénatrice Marie-Pierre de La Gontrie en lui répondant, à propos de la politique d’accueil des migrants de Calais, les yeux remplis de satisfaction : « Je me ferai plaisir de passer une soirée, une nuit, une journée avec Madame la sénatrice, à Calais, à la rencontre des habitants. » Les rires ont fusé, la sénatrice, impuissante, n’a rien plus faire. L’heure n’est plus aux symboles mais au bilan. Ce sont ces faits qui montrent l’inadéquation de M. Darmanin comme ministre de l’Intérieur. M. Darmanin est en charge de la sécurité intérieure, de la police ou encore de la gendarmerie nationale. Des attributions qui ne sont pas anodines lorsqu’on parle de politiques publiques contre les violences faites aux femmes. Et donc si la nomination est politique, les répercussions sur la condition des femmes en France le sont tout autant. Aujourd’hui, l’agenda du ministre est rempli de propositions autour de la punition de consommation individuelle de drogues douces, autour du respect de nos valeurs républicaines et/ou encore de toujours plus de fermeté envers ceux laissés de côté par le capitalisme. Depuis sa nomination, aucun plan n’a été mis en place pour éradiquer les violences faites aux femmes et commises par La revue de presse « Et toi, tu fais quoi ? » Cette phrase qu’on sortait si souvent dans feu les soirées est toxique et les conséquences psychologiques sont néfastes. « Lorsqu’on nous demande ce que nous faisons, on ne nous demande pas ce que nous faisons, on nous demande ce que nous valons – et plus précisément, si cela vaut la peine de savoir ou non. » Lire en anglais sur The School of life. « Chacun est l’autre et nul n’est lui-même. » Superbe critique des deux premiers volets de l’autobiographie de Deborah Levy (que je vous recommande vivement par ailleurs) sur Diacritik. La violence économique comme arme de domination. Aujourd’hui encore, des hommes contrôlent des femmes avec l’argent. Deux cents euros par semaine par exemple pour toutes les dépenses du foyer. Et si elle demande plus ? « Son mari a rétorqué qu’il était celui qui rapportait cet argent au foyer, et qu’il était, pour cette raison suffisante, en droit de s’organiser comme il le souhaitait. ». Superbe enquête sur Marie-Claire. Cette lettre de l’activiste Mona Eltahawy s’adresse à toutes les petites filles blanches de CM2. « Je t’écris parce que je veux empêcher le patriarcat de t’éduquer pour devenir la femme blanche qui interrompt la femme noire pour que l’homme blanc puisse parler. » À lire en anglais dans la newsletter de l’activiste. Dans Les Petites Glo, Chloé Thibaud a rencontré une prof et a analysé les mécanismes de domination dans le milieu scolaire. Spoiler : ils sont extrêmement forts. « Qu’une femme puisse publiquement envisager une vie où elle choisit de réduire les influences masculines, qu’elle refuse de conditionner la formulation de son engagement au confort des hommes, est vécu comme une inacceptable menace à leur position hégémonique. » Rokhaya Diallo montre que la réaction disproportionnée face aux propos d’Alice Coffin ou Pauline Harmange n’est que la preuve que le patriarcat est encore bien Jenna Wortham et Kimberly Drew pensent aux implications de préserver des œuvres de la culture noire qui profilèrent aujourd’hui. À lire en anglais sur le New York Times. Dolly Parton ne dit pas pour qui elle vote. Ou alors elle dit qu’elle voterait pour elle-même. « J’ai la Félicitations aux docteurs qui ont reçu le prix de thèse du Conseil scientifique du GIS Institut du Genre : Rocío MUNGUIA AGUILAR avec Encres métisses, voix marronne : mémoires d’esclaves noires dans le roman antillais francophone et le roman latino-américain hispanophone et Michal RAZ avec La Production des évidences sur Vous avez entre 14 et 24 ans et n’avez pas encore répondu à notre questionnaire Les Petites Glo sur le harcèlement dans l’espace public ? Pour le faire, rdv sur la page sondage (cela prend max 4 minutes). Merci pour toutes les premières réponses ! |
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