Mercredi 3 mars 2021 Bienvenue ! Pour soutenir les actions des Glorieuses et participer gratuitement aux conférences mensuelles, vous pouvez rejoindre Le Club des Glorieuses. Nous avons également trois autres newsletters qui pourraient vous intéresser, IMPACT mais aussi la verticale Economie et Les Petites Glo. L’équipe des Glorieuses. Rendre nos corps visibles par Rebecca Amsellem « Cette œuvre est la première que j’ai peinte après être revenue d’un voyage de sept ans à New York. Cette oeuvre représente mon corps marqué de ce voyage de sept années, corps qui a connu de multiples traumatismes allant de l’acception de son image après des années de comparaison avec le corps occidental, à de multiples expériences racistes auxquelles j’ai été confrontées pendant que j’étais à New York et à ma propre perception de ma féminité suite à ces expériences. » Nous sommes dimanche, il est 15 heures à Paris. 17 heures au Barhein, tous sur Zoom et l’artiste koweïtienne Alymamah Rashed présente un autoportrait « ARAK KUL YAWM LI’ANAK TAHWA MA KATALT / I SEE YOU EVERYDAY BECAUSE YOU HAVE ADORED WHAT YOU KILLED ». Détail de l’oeuvre de Alymamah Rashed Cette pandémie a au moins de mérite de pouvoir participer à des conférences qui réunissent les penseuses les plus révolutionnaires de notre temps, peu importe l’endroit où elles se trouvent. Cette conférence-ci est organisée par Océane Sailly. Elle est chercheuse et directrice d’Hunna, galerie d’art en ligne, femmes artistes de la péninsule arabique dont les œuvres remettent en question les L’artiste visuelle Alymamah Rashed se définit comme une musulmane cyborg, « oscillant entre l’Est et l’Ouest ». Le terme « cyborg » ne fait pas référence à une quelconque machinerie mais à l’impact de l’intelligence spirituelle sur les corps. L’œuvre qu’elle présente ce jour-là est significatif de son travail. « En tant qu’êtres humains, nous ne pouvons pas être témoins visuellement de la douleur émotionnelle ou de la blessure qu’entraînent nos insécurités, à moins qu’il ne s’agisse d’une ecchymose, d’une Instinctivement, le travail d’Alymamah Rashed me fait l’écho de la nouvelle de l’autrice américaine Carmen Maria Machado, À corps perdu (Son Corps Et Autres Célébrations, Éditions de l’Olivier, 2019) dans laquelle une étrange pandémie fait disparaître certaines femmes. « Personne n’en connaît la cause. Ça ne se propage pas dans l’air. Ce n’est pas sexuellement transmissible. Ce n’est ni un virus ni une bactérie, ou alors les scientifiques n’ont pu l’identifier. Au Arak Kul Yawm Li’anak Tahwa Ma Katalt I See You Everyday Because You Have Adored What You Killed. La frontière entre l’invisible et le visible est au cœur du travail d’Alymamah Rashed. Son propos est de rendre le « toxic gaze » (comprendre le point de vue toxique) visible à l’œil des spectatrices et des spectateurs, de se réapproprier ce point de vue et d’illustrer ce que la féminité signifie pour elle. Selon l’artiste, la féminité est comprise comme une manière de se sauver en reprenant le pouvoir sur son propre corps. Elle permet de rendre visible ce que la société autour d’elle a enjoint de cacher. Accepter son corps implique de le rendre visible au-delà que dans la « vraie vie ». Il s’agit d’un capital symbolique, et d’un moyen certain de transgresser les « Quels sont les enjeux liés à la représentation et à la performance du corps féminin dans les pratiques des femmes artistes ? » demande Océane Sailly ce dimanche après-midi. Le premier enjeu, lui répond l’artiste, est d’apprendre à se situer. Pas uniquement dans sa culture, mais dans son propre corps. Elle précise qu’elle porte le hijab depuis qu’elle a 14 ans, par choix, et qu’elle a dû apprendre à se définir au-delà des perspectives des autres sur elle. « Je suis davantage que ce corps », explique-t-elle. « Je suis plusieurs corps et ces corps coexistent dans mon travail et en dehors de mon « Comment fait-on lorsque quelqu’un arrache son hijab ? Comment fait-on lorsque quelqu’un nous lance un commentaire raciste ? Mon travail est ma cure. » Le travail d’Alymamah Rashed va au-delà de la visibilisation de ses propres perceptions du corps. De la même manière que la nouvelle de Carmen Maria Machado, dans laquelle l’amante de l’héroïne disparaît progressivement, a un rôle plus large que de rendre visible en rendant invisible. « Lorsque vous présentez votre travail, vous en activez plein d’autres », note Alymamah Rashed au milieu de la La revue de presse **RENDEZ_VOUS** Le Parlement européen en France organise une table-ronde pour échanger sur la situation des femmes en Europe et les solutions pour limiter les impacts de la crise sur les inégalités. Rebecca Amsellem des Glorieuses y prendra part aux côtés d’Evelyn Regner, Abdelaali El Badaoui, Ghada Hatem-Gantzer, animée par Nora Hamadi. RDV pour inscriptions ici **RENDEZ_VOUS BIS** Les Glorieuses est partenaire du cycle Le féminisme n’a jamais tué personne ! organisé par la BPI du Centre Pompidou. La prochaine aura lieu lundi 8 mars à 19h sur le thème « Quand imaginaires et plaisirs féministes se libèrent » avec Elvire Duvelle-Charles, Fania Noël, Elise Thiébaut, animée par Charlotte Bienaimé. Le live est à suivre ici Connaissez-vous l’activiste américaine et lesbienne Dorothy Allison ? Voici son histoire. Mara Wilson, l’actrice qui jouait Matilda revient sur ce que Hollywood fait des petites filles. Et c’est pas terrible. Arrêtons de dire aux femmes qu’elles ont le syndrome de l’imposteur (en anglais). Ce sont les femmes blanches qui ont mené l’insurrection au Capitole, par Mona Eltahawy (en anglais). « Aucune révolution féministe sans renversement des classes » entretien avec Aurore Koechlin. En octobre, les suicides chez les femmes au Japon ont augmenté de près de 83% par rapport au même mois l’année précédente. À titre de comparaison, les suicides chez les hommes ont augmenté de près de 22% au cours de la même période (en anglais). Frances McDormand joue dans Nomadland réalisé par Chloé Zhao et ça a l’air incroyable (en anglais). Egalité femmes-hommes au travail : pourquoi ça coince encore ? L’égalité femmes-hommes, « grande cause du quinquennat », proclamait Emmanuel Macron. Dans le monde professionnel, le chantier est en cours : quotas, congé paternité, index d’égalité professionnelle… Un chemin encore long, mais balisé par de nouveaux acteurs qui militent pour un monde du travail plus inclusif. On peut découvrir ici la correspondance de Nina Simone et il y a des pépites. Dans les affaires d’agressions sexuelles, avez-vous entendu parler de l’« himpathy » ? Ce concept, mis en évidence par une philosophe australienne, éclaire ce qui se joue quand on dit d’une femme qu’elle veut « briser la vie d’un homme », alors qu’elle Des plumes et du pouvoir des femmes : les costumes du carnaval (en anglais). « Cette ostracisation silencée renforce, en miroir, une toute-puissance et une exacerbation de la masculinité cisnormative, de la virilité, du privilège, qui varie entre les époques et les pays, allant de glamorisation à déresponsabilisation ». Alice Pfeiffer, journaliste, a vécu un viol collectif lorsqu’elle était adolescente, elle a toujours cru que c’était de sa faute. Offre Deluxe du Club des Glorieuses **Offre Deluxe** Le Club réunit chaque mois autour de rencontres féministes, des personnalités engagées inspirantes. L’accès, habituellement de 15 €, est gratuit pour les membres. Pour ce mois de mars, nous offrons avec l’adhésion Deluxe à 79 €, une pochette en coton KUFU made in France. Pour adhérer, ça se passe ici : Le Club (L’offre Royal Deluxe avec la pochette complète, le livre, le carnet et les autocollants est aussi disponible pour 129 € / an) Les dernières newsletters Gloria Media “Être féministe et filmer des vidéos beauté, c’est pas incompatible !“, Les Petites Glo, 2 mars 2021 Les Glorieuses est une newsletter produite par Gloria Media. |