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coquilles en moins).
Une femme politique qui prépare des mac and cheese en répondant aux questions de ses élect·eur·rice·s, et ce tout en écoutant Janelle Monae ? C’est désormais une réalité avec Alexandria Ocasio-Cortez fraichement élue au Congrès américain le 6 novembre dernier.
Dans l’univers blanc et masculin des couloirs du Congrès, elle détonne. Elle a débuté l’année 2018 comme serveuse à Union Square, elle la termine comme plus jeune membre du Congrès jamais élue.
Ocasio-Cortez n’a pas de lien avec de quelconques lobbys, pas d’autres mandats qu’elle brigue (pour l’instant) : elle n’a rien
à perdre, tout à défendre. Cette liberté, qu’on retrouve de moins en moins sur la scène politique, me rappelle l’activiste russe Evguénia Iaroslavskaïa-Markon (1902-1932), décédée à l’âge où Ocasio-Cortez est élue pour la première fois.
« Lorsqu’elle veut quelque chose, elle le veut jusqu’au bout, dans ses dernières conséquences, commence l’écrivain Olivier Relin dans la préface de l’autobiographie de l’activiste russe (Révoltée, Points, 2018). Lorsqu’elle pense quelque chose, elle le pense et le proclame
jusqu’au bout, sans égard aucun pour le danger encouru. Rien qu’elle méprise plus que les déclarations qui n’engagent à rien, ce que nous appellerions aujourd’hui des postures (et Dieu sait que nous y sommes habitués). (…) Je ne sais s’il existe d’autre exemple d’une si éclatante intrépidité, d’une liberté si insolemment affirmée dans les fers ».
Aujourd’hui, oui. Ocasio-Cortez se bat pour des avancées qui font figure d’ovnis outre-Atlantique : une assurance-maladie publique pour tou·te·s, une garantie d’emploi grâce à l’Etat fédéral ou encore la fermeture de l’agence de police douanière et de contrôle des frontières du département de la Sécurité intérieure des Etats-Unis. Elle est constamment en mouvement, une victoire politique n’appelant qu’un nouveau combat. Iaroslavskaïa-Markon disait ainsi : « La notion même de révolution figée dans la victoire est absurde, tout comme celle de mouvement arrêté: si c’est arrêté, ce n’est plus une révolution ! »
Les jeunes femmes deviennent les politiques que leurs mères auraient souhaité avoir. Ocasio-Cortez réinvente le lien entre élu·e·s et citoyen·ne·s. En prenant en photo le Capitole, bâtiment qui sert de siège au Congrès, elle dit : « c’est là que la communauté m’a envoyée pour que je défende ses intérêts ». Cela peut paraître simple mais dans une société qui a retiré sa confiance donnée à celles et ceux qui les représentent, cela donne espoir.
Le lien créé entre Ocasio-Cortez et ses élect·eur·rice·s mérite d’être développé. Entre deux événements liés à sa
campagne électorale, elle s’adresse à sa communauté via les réseaux sociaux, souvent sur Instagram, lorsqu’elle cuisine son dîner ou qu’elle se promène dans un parc. Elle en profite pour raconter son quotidien : « En tant que femme de couleur qui mène une campagne électorale, vous êtes critiquée des deux côtés : d’un côté, certains disent que vous ne serez jamais assez bonne (…) et de l’autre beaucoup de personnes ne veulent pas voir des gens qui nous ressemblent ». Devant la machine à linge, elle chuchote « ce qu’on ne vous dit pas avant de vous lancer
dans une course électorale, c’est que vos vêtements puent tout le temps car vous n’avez pas le temps de les laver. Allez, c’est parti [pour la machine à laver], la vie au Congrès démarre sur une note on ne peut plus glamour ».
Les citoyen·ne·s veulent des élu·e·s qui les ressemblent davantage. Et à juste titre. Car qui de mieux pour défendre ses intérêts qu’une personne qui comprend ce qu’on vit ? Pour cela, la membre du congrès n’hésite pas à engager directement sa communauté : « ce que les gens oublient est que s’ils veulent des vraies personnes de la classe moyenne comme candidat·e·s et pas des robots, nous devons accepter l’imperfection et le fait que nous
évoluons ».
« J’écris pour moi. Ecrire pour falsifier la réalité, ça n’a aucun intérêt. D’autant plus que je n’ai rien à perdre. Voilà pourquoi je suis sincère. » Ocasio-Cortez fait de la politique comme Iaroslavskaïa-Markon écrit, comme une révoltée.
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