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N’attends pas d’avoir atteint ton objectif pour être fière de toi. Sois fière de chacune des étapes que tu as franchies en direction de ce but.
Simone Biles
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J’ai pris le chemin de la salle de sport, et ça a fait toute la différence
par Lila Paulou (vous pouvez me suivre sur Twitter)
C’est toujours génial de découvrir qu’on a un point commun avec Jane Fonda. Non, je ne serai jamais une grande actrice ; je n’oserais pas non plus me réclamer d’avoir ne serait-ce que le quart de son courage, et je n’ai pas prévu de diffuser des vidéos d’aérobic à grande échelle. Mais, justement, je me suis reconnue en elle en découvrant que ça n’avait pas toujours été l’une des ambitions de la célèbre activiste : “Jusque dans ma trentaine, j’ignorais qu’il était important de faire de l’exercice. (…) J’avais ‘constamment mes règles’ pendant ma scolarité pour ne pas faire de sport — j’aurais tout fait pour échapper aux cours de sport.” Same, Jane, same! Et pourtant, réfractaire obstinée à toute activité physique depuis le collège, j’ai pris le chemin de la salle de sport en début d’année — et ça a fait toute la différence.
Par flemme, par fierté, je refusais de l’entendre mais c’est vrai : le sport améliore la santé physique et mentale. Selon un rapport de 2020 de Santé Publique France, l’activité physique et sportive réduit les symptômes de l’anxiété et de la dépression (et ce particulièrement chez les femmes et les filles), en plus de favoriser la gestion du stress et d’améliorer l’estime de soi. Elle serait aussi bénéfique pour la cohésion et l’intégration sociale, en développant “un sentiment d’appartenance”. “À l’adolescence, on a besoin de s’identifier à ses pairs, d’avoir un groupe, parce que c’est l’âge où on va chercher à se détacher de ses parents pour aller vers l’autre,” souligne la psychologue clinicienne Morgan Dondin, qui accompagne les adolescents sportifs.
Si elle recommande “tous les sports d’équipe”, notamment le foot, le rugby ou la boxe, elle précise que tout dépend de la personnalité de chacun·e : un·e ado qui a besoin d’être indépendant·e pourra mieux s’épanouir dans un sport “où on s’entraîne ensemble et on pratique seul·e.” L’athlétisme, par exemple : discipline dans laquelle s’illustre Clémence Beretta, détentrice du record de France du 20 km marche. Après avoir débuté l’athlétisme vers ses 10 ans, la sportive de 26 ans a tracé un long chemin parsemé de médailles, avec pour prochaine étape les Jeux Olympiques ce 1er août. Adolescente, “le sport a été ma bouée de sauvetage,” nous confie-t-elle.
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Pour cette athlète spécialiste de la marche, le rythme scolaire 8h-17h avec les devoirs en rentrant n’avait rien d’épanouissant – d’où le besoin de trouver une échappatoire à travers ses passions. “Il faut se demander ce qui nous fait vibrer, ce qui nous fait sentir vraiment nous.” Clémence Beretta insiste sur l’importance de “tester des choses” : après s’être essayée à la danse classique et à l’équitation, elle a trouvé sa “petite flamme” dans l’athlétisme et le théâtre. “On a cette ‘chance’ quand on est enfant et adolescent de pouvoir cultiver nos intérêts. Ces expériences vont nous construire, et nous permettre de comprendre qui je suis vraiment, qu’est-ce que j’aime faire, qu’est-ce que j’aimerais faire après le lycée… Mais pour ça, il faut oser, explorer, tenter.”
Suivre la voie du sport de haut niveau a évidemment bien réussi à Clémence Beretta. Mais en terminale et en première année d’études supérieures, elle fait régulièrement des malaises et pleure très souvent le soir dans son lit. À 19 ans, elle est en plein burn-out. “Dans mon cas, la faute n’a pas été au sport,” raconte-t-elle. “J’avais de gros soucis de communication et de gestion de mes émotions. Je n’acceptais pas de ne pas aller bien, et donc je ne reconnaissais pas les signaux de mon corps. Si j’avais un message pour l’adolescente que j’ai été, et pour celles qui nous liront, c’est de parler, parler, parler – ce que je n’ai pas fait, moi. Il ne faut pas garder les choses pour soi.”
Comme elle, de nombreux athlètes professionnels font face à des problèmes de santé mentale. “Au début, [le sport de haut niveau] est bénéfique pour tout ce qui est dépassement de soi, confiance en soi, motivation, discipline… Mais il y a un moment où on atteint un trop-plein, et à l’inverse cela va créer des troubles anxieux, une grosse anxiété de performance lors des compétitions, beaucoup de comparaison aux autres qui entraîne une baisse de l’estime de soi, et de la fatigue,” prévient Morgan Dondin. Dans un rapport de 2020, Santé Publique France met en garde contre les effets négatifs liés à “la spécialisation et la compétition précoces,” tels que du stress élevé, des troubles du comportement alimentaire ou des risques de violences.
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Ces dernières années, de nombreux sportifs de haut niveau se sont exprimés sur leurs problèmes de santé mentale, ouvrant ainsi la voie à la libération de la parole. Parmi eux : le nageur américain Michael Phelps, la gymnaste Simone Biles, le judoka Teddy Riner ou la joueuse de tennis Naomi Osaka. De son côté, Clémence Beretta a développé une approche plus sereine à la compétition avec sa préparatrice mentale. “Même si les JO sont bientôt, le piège serait de se focaliser tout de suite sur la course alors qu’il faut terminer la préparation. C’est là-dessus qu’on doit focaliser notre effort afin d’être en confiance.”
La multiple championne estime ainsi que les mentalités évoluent dans le sport de haut niveau, mais elle souligne qu’il ne faut pas idéaliser ce milieu complexe. “Il est hyper important d’y être bien accompagné. J’ai eu la chance d’avoir mes parents qui sont un vrai socle. Au niveau mental, je suis accompagnée par une psychologue du sport et par une thérapeute.” Morgan Dondin constate d’ailleurs que de plus en plus de coachs se forment à la préparation mentale. Petit à petit, le monde du sport évolue — que ce soit au niveau olympique ou en cours d’EPS.
Sans parler de l’environnement dans lequel on pratique une activité sportive, l’essentiel est de s’écouter soi. “Si on sent qu’un parent ou un coach nous pousse à faire quelque chose qui n’est pas aligné avec nous-même, cela peut créer un vrai mal-être,” alerte Clémence Beretta. Morgan Dondin renchérit : “Souvent les ados me disent qu’ils ne savent pas s’ils doivent arrêter un sport ou pas. Je leur conseille de peser le pour et le contre, de revenir à leur essence, de se demander ‘est-ce que je veux vraiment être là ? Est-ce que c’est moi, est-ce que ça me correspond ?’”. Pour Jane Fonda, la réponse est toute trouvée : “En ce qui me concerne, le sport et l’activisme sont les deux meilleurs remèdes contre la dépression.”
En parlant d’activisme…
Rebecca Amsellem et Megan Clement ont publié ce mercredi un rappel très important pour vous (si vous en avez l’âge) et vos proches, les Petites Glo : allez voter ce dimanche 30 juin et le 7 juillet ! Et surtout : votez pour les droits des femmes, ne votez pas pour l’extrême droite.
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Autre petite note : les Petites Glo prennent une pause estivale. On se retrouve en septembre. D’ici là, prenez bien soin de vous !
Exceptionnellement, chères Petites Glo, le Mental Fitness sera plus Fitness Fitness. En 2022, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a observé que 80% des adolescent·es dans le monde n’ont pas une activité physique suffisante. L’OMS recommande ainsi que les enfants et adolescent·es de 5 à 17 ans consacrent “en moyenne 60 minutes par jour à une activité physique d’intensité modérée à soutenue”. Bien sûr, il faut trouver son rythme, et surtout ne pas se forcer. Voici le conseil de Morgan Dondin pour aborder chaque activité de façon plus
positive :
On regarde : Joue-la comme Beckham, comédie de Gurinder Chadha (2002) Si ce film ne parle pas forcément de santé mentale à proprement parler, il insiste sur l’importance de laisser les ados faire le sport qu’iels aiment. Comme la talentueuse héroïne Bhamra, qui rêve de jouer au foot malgré les attentes de ses parents. Un classique à voir aussi pour apprécier les performances brillantes de Parminder Nagra et Keira Knightley.
On lit : Mon Parcours vers l’envol, autobiographie de Simone Biles traduite en français par David Lortholary, Marabout (2016)
Nous avons ouvert cette newsletter avec une citation de la gymnaste américaine Simone Biles. Si elle vous a plu, voilà qui devrait vous plaire : Simone Biles a publié une autobiographie disponible en français ! Vous pourrez retrouver les mots de cette athlète impressionnante tant pour ses prouesses acrobatiques que pour tout le travail qu’elle accomplit chaque jour pour libérer la parole sur la santé mentale.
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