Bienvenue dans la newsletter Les Petites Glo où on apprend à changer le monde même quand on n’a ni pouvoir ni argent. Recommandez cette newsletter à votre ami·e pour qu’il ou elle fasse bouger les choses aussi. Nous avons également trois autres newsletters qui pourraient vous intéresser, Les Glorieuses mais aussi la verticale Economie et IMPACT. Mardi 16 février 2021 Romy, 12 ans, bi, et alors ?Nous étions le 18 décembre 2020 quand j’ai reçu ce mail de Romy, 12 ans, avec pour objet « Bonjour du Québec“. Avant même de l’ouvrir, j’étais heureuse de savoir que les Petites Glo voyagent jusqu’au Canada. Romy a découvert la newsletter il y a trois ans grâce à sa (super) tante qui l’a abonnée. “Mes premiers pas féministes ont été de lire la newsletter tous les mois et j’ai pris conscience de plein de petits trucs que je trouvais normaux avant“, m’a-t-elle confié. Elle m’a notamment raconté comment elle a demandé à son école d’installer des distributeurs gratuits de protections périodiques, et j’ai compris à travers son En faisant défiler le contenu de son message, je me suis promis de faire en sorte que Romy se sente écoutée. Étant moi-même hétérosexuelle, je n’ai pas vécu ce qu’elle m’a décrit : “Je sens bien que la société n’accepte pas trop les gens comme moi et je me sens vraiment très seule. À l’école, on a commencé à avoir des cours de sexualité et j’ai posé une question sur la bisexualité. La prof ne savait pas trop quoi répondre. Elle pataugeait dans ses mots et hésitait vraiment beaucoup. L’autre chose que je trouve dommage, c’est le fait que dans les émissions de télé, les films, les livres, etc, si tu cherches bien, tu risques de trouver un ou deux personnages homo, mais personne qui est bi et qui l’affirme vraiment a 100%.“ Alors, j’ai discuté avec plusieurs personnes susceptibles d’éclairer Romy. D’abord Lorraine Monié, une psychologue spécialiste de l’adolescence et des sujets liés à la sexualité et la transidentité. À la question “Romy est-elle effectivement trop jeune pour savoir qu’elle est bisexuelle ?“, voici ce qu’elle m’a répondu : “La sexualité se construit avant l’adolescence mais, avec la puberté, l’attirance qu’on a pour les filles, les garçons ou les deux, émerge davantage. Par la suite, cela peut évoluer différemment, mais ce n’est pas une question d’âge, et une adolescente de 12 ans est tout à fait en capacité de savoir ce qu’elle ressent.“ Elle a souvent entendu cette question lors de ses consultations et, selon elle, cela traduit avant tout un déni de la part des parents, un refus de voir la réalité en face. “J’ai vu des parents qui souffraient tellement de cette annonce que, pour pouvoir la supporter, ils ont besoin de se mettre en tête que ça va passer, que leur enfant est encore jeune et va revenir ensuite dans une normalité.“ Ah, la normalité. En fait, c’est ça, le mot qui fait mal. Selon le dictionnaire, la normalité est “le caractère de ce qui est conforme à la norme“. Dans le cas présent, la normalité serait donc l’hétérosexualité. Je dis bien serait car, évidemment, ce n’est pas le cas. Heureusement. D’ailleurs, en 1948, un pro de la sexualité humaine, le docteur Alfred Kinsey, a mené plusieurs enquêtes qui établissaient que nous portons tou.te.s en nous une part d’hétérosexualité et une part d’homosexualité. De son travail est née ce qu’on appelle depuis “l’échelle de Kinsey“, graduée de 0 à 6 et permettant de se situer parmi la diversité des C’est ce que j’ai demandé à Mylène, une copine bisexuelle âgée de 33 ans. “C’est fou, m’a-t-elle répondu, on a vraiment une tendance à vouloir d’une part se mettre dans une case mais aussi à vouloir mettre les autres dans une case.“ Sa bisexualité s’est révélée lorsqu’elle a rencontré sa première copine, à l’âge de 20 ans. “Avant cette histoire avec elle qui a duré quatre ans, je n’avais été attirée que par des hommes, mais quand je réfléchissais à tout ça, j’étais surprise qu’on se cantonne à un genre. On s’est rencontrées à une soirée, le jour de la Saint-Valentin. Elle était là, j’ai eu un coup de foudre, et je ne me suis pas du tout posé de questions, je ne me suis pas dit ‘c’est une fille, c’est bizarre’. Ce qui était difficile, c’était plutôt que les gens me demandent ‘mais, du coup, t’es lesbienne ?’.“ En effet, pour beaucoup de monde, la bisexualité est forcément une phase, une étape dans le coming-out homosexuel. “Je ne me reconnaissais pas là-dedans. Non, je n’étais pas lesbienne, et pas hétéro non plus. Il y a énormément d’idées reçues sur la bisexualité, comme l’illustre bien la page Instagram Paye Ta Bi. C’est facile pour moi d’assumer que je suis bi à 33 ans, mais c’est quelque chose dont j’ai souffert pendant toute ma vingtaine car on en parlait peu. En juin 2019, une enquête de l’IFOP intitulée Le regard des Français sur l’homosexualité et la place des LGBT dans la société précisait que 3,2 % de personnes s’identifient comme homosexuelles, 4,8 % comme bisexuelles assumées, 0,9 % comme bisexuelles non assumées, et 82,7 % comme hétérosexuelles exclusives. Il y a fort à parier que ces chiffres sont à nuancer. “Il existe une réelle souffrance pour les personnes bisexuelles car elles ne sont pas reconnues comme étant vraiment bisexuelles, commente la psychologue Lorraine Monié. Dans l’imaginaire collectif, c’est souvent une manière de cacher son homosexualité, une non-acceptation.“ Perrine, 21 ans, m’a confirmé cette difficulté à être considérée pour ce qu’elle est: “J’ai longtemps eu du mal à dire le mot ‘bisexuelle’. On vit dans une société plus tolérante, certes, mais en dehors des milieux LGBT+, la bisexualité n’est pas toujours acceptée et/ou comprise. Cela se témoigne dans les réflexions de mes proches – ‘C’est trop cool d’être bi, tu as deux fois plus de choix’ ou ‘Mais tu ne seras jamais satisfaite sexuellement alors ?’. La remarque la plus blessante était sûrement celle d’un ex qui, lorsque j’affirme être attirée par les femmes, s’imagine directement des plans à trois plutôt que de voir un potentiel ‘danger’ de concurrence pour lui. Finalement, je n’ai pas besoin de donner des ‘preuves’ et je n’ai de comptes à rendre à personne.“ Lors de mes échanges avec Romy, j’ai immédiatement trouvé qu’elle avait une maturité épatante pour son âge. La plupart des femmes que j’ai interviewées ont mis du temps avant de se connaître et de s’assumer. Florence, par exemple, a découvert qu’elle était bi vers 25 ans (elle en a 30). “Je ne savais pas que ça existait, et j’ai perdu TELLEMENT de temps ! Du coup, maintenant, j’en parle. De plus en plus. Mon conseil, c’est d’oser se dire qu’on est légitime et que la bisexualité est une orientation à part entière. C’est important de se le répéter, pour pouvoir affronter les ‘c’est pas vrai’ de l’extérieur. Quand on est ado, c’est Enfin, quand est jeune (ou moins jeune) et qu’on ne se sent pas dans la norme, on nous conseille parfois d’aller voir un.e psy. Est-ce vraiment utile ? “Si on souffre de son homosexualité ou de sa bisexualité, oui. Mais si on n’en souffre pas, non, répond Lorraine Monié. Ce qui serait important, c’est de prendre conscience que les personnes qui doivent être accompagnées sont aussi les parents. Un.e ado qui souffre de son orientation sexuelle souffre avant tout du regard extérieur.“ Comme toujours, si l’on souhaite que les mentalités évoluent – encore plus – il faut éduquer. Déconstruire nos satanées normes hétérocentrées. Dans Le sexe et l’amour dans la vraie vie, le livre ô combien précieux de Ghada Hatem-Gantzer et Clémentine du Pontavice (paru en septembre dernier chez First éditions), je lisais ceci : “L’homosexualité, la bisexualité, la transidentité ne sont pas des maladies. On ne choisit pas sa préférence sexuelle, on tombe amoureux, c’est tout !“ Les Petites Glo, tombez amoureux.ses, un point c’est tout. Et ma chère Romy, ce n’est pas à toi de changer. C’est à la société de faire évoluer son regard sur les par @gangduclito Les recommandations de ChloéLe magazine Phosphore (pour les 14-19 ans) sort demain une édition spéciale 100% antisexiste, ne la manquez pas ! Enquête, infographie, retours historiques, rencontre avec les militant.e.s de la génération Z, jeu de cartes antisexiste… un numéro complet pour (r)éveiller les consciences, comprendre les nouveaux combats et ranimer les échanges en famille ! En plus d’être hyper intéressant, quelque chose me dit que vous croiserez Les Petites Glo dedans… C’est génial, on s’intéresse de plus en plus à vous. Sur Amazon Prime (si vous êtes abonné.e.s), la série documentaire Génération Brut présente plusieurs jeunes de 15 à 30 ans qui parlent d’amour, de féminisme ou encore d’écologie et de véganisme ; et sur France tv slash (cette fois-ci, c’est gratuit), je vous recommande vivement Génération 2021, dont le premier épisode concerne la détresse “Si je n’avais pas à prendre en charge ces coûts je pourrais manger à ma faim.” La Fédération des Associations Générales Etudiantes a dévoilé les résultats de son enquête sur la précarité menstruelle chez les étudiant.e.s en France. Malheureusement sans surprise, ils sont très inquiétants. Sur Loopsider, Juliette raconte comment elle a été violée par un étudiant de Sciences Po Toulouse. C’est son témoignage courageux qui a lancé le hashtag #sciencesporcs. Les violences sexistes et sexuelles sont partout, y compris dans l’industrie musicale. « De mes 15 à mes 17 ans, j’ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement », écrit la chanteuse Pomme dans une bouleversante lettre ouverte à lire sur le site Mediapart. J’avais eu la chance de m’entretenir avec elle dans un précédent épisode des Petites Glo (“Retrouver le soleil“), et j’en profite pour la féliciter puisqu’elle vient d’être sacrée artiste féminine de l’année aux Victoires de la musique <3 Oh la la ! La géniale Victoire Tuaillon lance un nouveau podcast : après les couilles, c’est désormais le cœur qu’elle mettra sur la table. Oh la la (bis) ! Julia Pietri, fondatrice du mouvement « It’s not a bretzel », a créé les premiers bonbons au monde en forme de clitoris. Ses Magik’Clito sont dispos ici à 6 euros. ***OFFRES D’EMPLOI*** Nous recrutons un·e apprenti·e chargé·e de communication – poste à pourvoir dès que possible, rendez-vous ici pour plus d’informations. Le Club des Glorieuses**REJOIGNEZ-NOUS** Le jeudi 25 février à 18h30, dans le cadre du Club, Rebecca Amsellem vous donne rendez-vous avec Mona Eltahawy, autrice féministe, chroniqueuse et disruptrice du patriarcat. Son premier livre Foulards et hymens : Pourquoi le Moyen-Orient doit faire sa révolution sexuelle (2015) s’attaquait au patriarcat dans le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, et son second livre, Les 7 péchés – manifeste contre le patriarcat, (2019) s’y attaque au niveau Les dernières newsletters Gloria MediaOrgueil et préjugés, Economie, 14 février 2021 L’intuition était-elle la bonne ?, Les Glorieuses, 10 février 2021 Pouvons-nous syndiquer les mères ?, Les Glorieuses, 3 février 2021 Bon, Mademoiselle, va falloir se détendre !, Les Petites Glo, 2 février 2021 Où sont les féministes modéré·e·s ?, Les Glorieuses, 27 janvier 2021 Les Polonaises n’ont plus peur, Impact, 25 janvier 2021 |