Chères Glorieuses, Chers alliés des Glorieuses,

Nombre d’entre vous nous ont rejoint cette semaine avec notre quatrième mouvement pour l’égalité salariale, le #5Novembre16h47, bienvenue dans notre communauté de féministes !
Vous êtes plusieurs milliers à avoir signé notre pétition pour l’égalité salariale – n’hésitez pas à la partager pour augmenter le nombre de signataires.
Dans la poursuite de ce mouvement, nous vous invitons à nous rejoindre à l’Ambassade du Canada à Paris le mercredi 27 novembre de 10h à 11h30 pour une conférence sur la question avec notamment Isabelle Hudon, Ambassadrice du Canada en France et Yolande Libene, Bossie. Le nombre de places étant très limité, nous n’accepterons que les premières réponses à cet email.

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Chaque semaine je parle de politique, d’art, ou de quelque chose qui m’a fait sourire.
Vous souhaitez découvrir le club des Glorieuses ? Nous vous invitons à notre prochaine réunion le jeudi 28 novembre qui sera un speed dating féministe – l’occasion non pas de trouver l’âme soeur (quoi que) mais de découvrir les projets des membres et d’y participer 🙂 
Rebecca

Son histoire n’est pas d’être imparfaite

 par Rebecca Amsellem (pour me suivre sur Twitter c’est ici et sur Instagram, c’est là)

« En tant qu’écrivaine, j’ai souvent l’impression que je raconte toujours la même histoire, mais légèrement différemment à chaque fois. » L’autrice américaine Roxane Gay – « Mauvaise Féministe », et « Hunger, une histoire de mon corps » – a eu l’occasion de poser une question à Phoebe Waller-Bridge : « Quelle est l’histoire que vous racontez ? » (The Guardian). Une dizaine d’actrices, d’intellectuels, de journalistes ont été invité·e·s par The Guardian à poser des questions à la scénariste et réalisatrice anglaise des séries Fleabag et Killing Eve. Celle de Roxane Gay était à mon sens la plus pertinente. On imagine Waller-Bridge répondre assise sur son lit pianotant sur son ordinateur (c’est toujours comme ça que je m’imagine les écrivains, sur des lits, avec de grands problèmes de dos).

« Je pense que je vais toujours écrire sur des coquins vulnérables. Je ne peux pas m’empêcher de raconter des histoires de perte ou de deuil, d’une manière ou d’une autre. » répond Waller-Bridge. Dans la série Fleabag, le personnage principal vient de perdre sa mère, que son père semble avoir remplacé dans la minute par une femme qui semble détester les femmes qui l’entoure. Elle vient de perdre sa meilleure amie aussi, qui s’est suicidée accidentellement. Elle tente alors de donner un sens à sa vie grâce au sexe (et ça fonctionne, en partie). Dans la série Killing Eve, une psychopathe, Villanelle, est tueuse de son métier et devient obsédée par celle qui est chargée de l’arrêter.
Waller-Bridge est loin d’être parfaite. Comme le remarque justement la journaliste Aimee Cliff, dans un sketch douteux pour SNL (une émission hebdomadaire américaine) Love Island, elle joue une anglaise issue d’un milieu populaire, dont la vulgarité semble devoir être proportionnelle à la longueur de ses faux ongles. Le sketch n’est pas drôle mais ce n’est pas le sujet. Waller-Bridge n’est pas issue d’un milieu populaire et se permet néanmoins de dépeindre cette classe sociale en étant complètement à côté de la plaque. Elle s’est trompée. Elle n’est pas parfaite.

« Le succès de Waller-Bridge est merveilleux, mais il ne faut pas le présenter comme surprenant. » Ses privilèges lui ont permis de prendre des risques, c’est vrai. Mais ce n’est pas cela qui l’a menée au succès. A mon sens, le succès de Fleabag ou de Killing Eve tient à la prose brillante mais surtout à l’envie d’écrire une histoire sur une femme sans vouloir en faire le prochain manifeste du parti féministe. Chaque écrit, chaque histoire que nous produisons n’a pas à représenter toutes les femmes ni à servir toutes les causes féministes. Les histoires de Waller-Bridge ne sont pas autobiographiques. Alors que tout le monde pense le contraire. « C’est peut-être parce que je suis
une femme, mais ce n’est peut-être pas le cas commence Waller-Bridge. Cette hypothèse autobiographique est une question qu’on me pose souvent. C’est soit parce que la série est tellement crue et réelle que les gens pensent que c’est réel, soit parce que les gens pensent qu’il ya une limite à l’imagination d’une femme. Je préférerais toujours croire le premier. »

Waller-Bridge est loin d’être parfaite et elle le sait. Et c’est cela que je ressens quand je lis ce qu’elle écrit ou je regarde ce qu’elle réalise. Elle a réussi à donner à l’imperfection le rôle titre. Rôle que même nous les féministes, nous nous gardons bien de mettre sur le devant de la scène. L’imperfection, parfois perverse, de ses personnages est bien ce qui les lie les uns aux autres. Ses personnages se masturbent devant des discours d’Obama. « Me suis-je déjà masturbée en pensant à Obama? » [La Waller-Bridge de la vraie vie] rit. « Je vais garder ça pour moi. […] Se branler à propos d’Obama est pour moi une blague parfaite parce que c’était réel. Et il y avait aussi quelque chose de joyeux dans la politique de l’époque. Il était l’espoir et je me branlais sur l’espoir. » Ses personnages sont des serial killeuses attendrissantes qui racontent se masturber (décemment) en pensant à celle dont le travail est de l’arrêter : « Je pense à toi aussi. Je veux dire, je me masturbe beaucoup en pensant à toi. »
Phoebe Waller-Bridge complète sa phrase destinée à répondre à la question de Gay. Quelle est l’histoire qu’elle raconte encore et encore ? « J’écris des personnages qui cherchent désespérément l’amour, mais qui ne savent pas comment le demander. » Son histoire, c’est l’amour, évidemment.

Et vous, c’est quoi l’histoire de votre vie ? Racontez-la moi sur Instagram.

1. La loi sur la pénalisation des clients rend le travail du sexe de plus en plus dangereux.

2. Pourquoi il faut réhabiliter les premiers contes de fées méconnus, bien plus féministes qu’on ne les imaginerait. 

3. Le rapport des jeunes filles au suivi gynécologique évolue: quand santé physique, psychologique, et modernité entrent en jeu.

4. L’ensemble des femmes n’était plus payées le 5 Novembre, mais les femmes racisées auraient en réalité pu stopper le travail en juin.

5. Jane Fonda, entretien avec une icône de l’activisme.

6. À la campagne, violences conjugales et isolement encore plus difficiles à combattre.

7. Bill Maher, ou comment s’ériger en « victime de la bienpensance« .

8. Vers une nouvelle ère
de témoignages #MeToo grâce au courage d’Adèle Haenel ?

9. Comment les municipales s’organisent sans tenir compte des victimes de certains colistiers. 

10. Dans les Petites Glo, notre
newsletter pour ados féministes, nous vous parlons de détermination et subversion – ou comment une bande de collégiennes a obtenu des protections périodiques gratuites grâce à des cookies. 

Le mug des glorieuses est disponible à la vente et 100% des bénéfices iront directement à la caisse de grève des femmes de chambre qui se battent pour améliorer leurs conditions de travail. Vous pouvez vous le procurer ici !

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