Cet été, je vous laisse entre les mains de huit autrices formidables à qui j’ai demandé de réfléchir à la question de l’amour dans une société féministe. Au cours de cette année (oui je parle et je parlerai toujours en année scolaire), je n’ai pas oublié : – d’écrire une newsletter chaque semaine (presque, on est d’accord) ; – d’angoisser pour tout le monde ; – de douter de tout, tout le temps. Cette année, j’ai néanmoins oublié d’être fière. Fière de tout le travail que nous avons accompli ensemble ces dernières années. C’était vendredi dernier lorsqu’une amie me rappelait comment elle s’était retrouvée il y a quatre ou cinq ans à tourner dans une vidéo dans laquelle il fallait dire « Je suis féministe parce que… » Oui, c’était complètement à cause de moi. Oui, on dirait que je parle d’une vidéo tournée dans les années 90 et diffusée sur le Minitel (c’est à ce moment précis que je prie intérieurement pour qu’aucune lectrice ne réponde à cette newsletter par un « euh… c’est quoi le Minitel ? »). « Je ne savais pas quoi dire, se rappelle mon amie, je n’étais pas féministe. » Je m’en souviens très bien. Ce n’était pas qu’elle ne soutenait pas mon engagement naissant mais elle ne voyait pas en quoi elle était victime d’un système patriarcal. « Alors qu’aujourd’hui c’est une évidence », dit-elle. « Pas à cause de toi hein, pas parce que tu es mon amie. » Oh, ok. Merci. « C’est grâce aux collages que je vois dans la rue tous les jours, toutes les nuits, c’est grâce aux livres, aux podcasts, aux articles. C’est grâce à toutes les femmes qui ont investi complètement le champ médiatique. » Ah. Est-ce que j’écris cette newsletter uniquement pour continuer à faire des collages ? C’EST BIEN POSSIBLE. Il y a un an pile, pour la dernière newsletter (aussi), je parlais déjà d’évidence et de fierté. D’être fière de son corps, de l’exhiber si c’était son choix, de braver les diktats qui essaient de vous faire croire que vos corps ne seraient pas les bons ou que vos choix desserviraient « la cause ». Aujourd’hui, je souhaite terminer cette saison en soulignant la fierté de faire partie d’un mouvement plus large que soi. Peu importe notre rôle dans les révolutions féministes, il est central. Que l’on soit en phase de déconstruction, de collage, d’écriture, de témoignage, de création ou de destruction, chacune de nos places est essentielle pour faire évoluer le système patriarcal vers un système égalitaire. Se définir comme féministe, de manière évidente, implique d’accepter de faire partie de quelque chose de plus grand que soit. C’est un sentiment qui nous porte et qui nous oblige. La fierté résulte autant de faire partie d’un mouvement plus grand que soi que d’être au service d’autres. C’est l’écrivaine, poétesse et activiste Maya Angelou qui nous y incite le mieux. « Préparez-vous à devenir un arc-en-ciel dans le nuage de quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui peut ne pas vous ressembler, peut ne pas appeler Dieu du même nom que vous appelez Dieu – s’ils ou elles appellent Dieu tout court – vous voyez ? Et ce quelqu’un peut ne pas manger les mêmes plats que nous, ne pas danser vos danses ou parler votre langue. Mais soyez une bénédiction pour quelqu’un ; c’est ce que je pense ». Alors soyons fières d’avoir soutenu ces conversations jusque tard dans la nuit alors que nous voulions penser à autre chose ou que nous souhaitions tout simplement… dormir, soyons fières des heures passées à écrire des tribunes, à organiser des formations, préparer des rassemblements. Soyons fières d’avoir fait avancer notre société un peu plus vers cette utopie féministe que nous aimons tant imaginer ensemble. 1/ En prévision de la série d’été de la semaine prochaine, vous pouvez écouter cet épisode « Peut-on rater l’âme soeur ? « avec Eliette Abecassis. Elle cite notamment la sociologue Eva Illouz qui dénonce l’incompatibilité certaine entre les sentiments amoureux et le marché libéral dans lequel il s’inscrit aujourd’hui. 2/ Avant le Covid-19 et le confinement, l’autrice Naomi Alderman (mais si, celle qui a écrit le formidable « Pouvoir ») était en train d’écrire un roman sur des millionnaires du monde de la Tech qui fuyaient… une pandémie (en anglais). 3/ « La dépigmentation artificielle de la peau apparaît plus que jamais comme une fléau sanitaire et social. » Cet article publié sur Black Beauty Bag détaille tout ce que nous sommes censées savoir sur la dépigmentation et le « whitening ». 4/ L’anxiété peut prendre le pas sur notre envie de développer des relations sociales. Salty propose un guide pour s’en débarrasser (en anglais). 5/ « La personne qui verse la pension alimentaire peut la déduire de ses revenus imposables. A l’inverse, celle qui la reçoit doit l’ajouter à ses revenus imposables ». Surprise tout le monde, le calcul de l’impôt sur le revenu est sexiste. 6/ « En France, être lesbienne est considéré comme un militantisme ou un engagement. Avec ça, je ne suis pas d’accord, parce qu’être libre et aimer qui on veut, ça n’est pas être engagé ». Pour la dernière newsletter de la saison des Petites Glo, Chloé Thibaud a interviewé l’artiste Pomme. J’avoue que je ne la connaissais pas. Je découvre donc une artiste formidable avec un cerveau hors du commun. 7/ « Elles ont entre 23 et 35 ans et n’ont jamais vécu de relation de couple. Injonctions, impression de “retard”, remarques insupportables et avantages de la vie de célibataire, les “relationship virgins” témoignent ». 8/ Allaiter sur Zoom devient de plus en plus courant. Est-ce que cela va permettre de normaliser l’allaitement dans la société ? (en anglais) 9/ #TamponGate Aux Etats-Unis, un journaliste de Fox News affirme qu’un policier (pas en service) a eu un tampon dans son Frappuccino de Starbucks. Sauf que l’objet flottant ne ressemble absolument pas à un tampon. 10/ Dans cet article du NYTimes on apprend tout sur la thématique des réparations dues aux descendant·e·s d’ancien·ne·s esclaves aux Etats-Unis. Il serait temps qu’on en parle ici. L’artiste Mai Hua nous a fait le bonheur hier lors du Club des Glorieuses, d’un échange avec Rebecca Amsellem autour de son film « Les Rivières », archéologie de sa lignée de femmes. Pour visionner le film (recettes reversées à la caisse des grévistes de l’hôtel Ibis Batignolles), rendez-vous ici avec le code LESGLORIEUSESRIVIERES Bad Bitches Only vous offre la newsletter Les Glorieuses de la semaine. Profitez de -10% sur le jeu avec le code GLORIEUSES (information partenaire). UN MESSAGE DE NOTRE PARTENAIRE : BAD BITCHES ONLY Bad Bitches Only, c’est le jeu de société féministe créé par Inès avec sa marque Gender Games. L’idée ? Remettre en avant les femmes qui ont marqué l’Histoire et ouvrir la discussion sur des problématiques féministes tout en s’amusant ! Dans la boîte, 250 cartes avec que des femmes et minorités de genre à faire deviner à son équipe en un temps limité – en mots, en mimes ou en dessins. S’il n’y avait qu’une règle à retenir : il est interdit de dire « c’est la femme de… » sous peine de passer son tour ! De Beyoncé à Cléopâtre, en passant par Rosalind Franklin ou Malala Yousafzai, le jeu met à l’honneur des femmes et minorités de genre de tous les domaines, époques et origines. En un mot : #RepresentationMatters ! |
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