30 mai 2022 Des militantes afghanes protestent contre le nouveau décret des talibans sur la burqa par Deepa Parent Note de la rédaction : Ce mai, nous sommes ravies de vous proposer un article supplémentaire sur les droits des femmes. Aujourd’hui, nous republions un article important de openDemocracy 50.50, qui publie une couverture critique et approfondie du genre, de la sexualité et de la justice sociale. Vous pouvez voir leur couverture complète ici. « Vous êtes toutes des femmes libertines pour avoir manifesté contre la burqa. Pourquoi ne voulez-vous pas couvrir vos corps ? Vous n’êtes pas musulmanes », a crié un combattant taliban à Zoya* lorsqu’elle a mené une procession de 20 femmes à Kaboul. Zoya, 38 ans, militante des droits des femmes et mère de cinq enfants, protestait contre un décret controversé sur la burqa émis par les talibans. Ce décret stipule que les femmes doivent se couvrir le visage en public, en portant soit la burqa, qui couvre le corps de la tête aux pieds et comporte une grille pour le visage, soit le niqab, qui couvre le visage à l’exception d’une ouverture pour les yeux. La plupart des femmes en Afghanistan portent un voile mais ne se C’est le dernier ajout à la série de restrictions imposées par les talibans depuis qu’ils ont pris le contrôle de l’Afghanistan en août dernier. Il est interdit aux femmes de chercher un emploi, sauf pour les emplois qui ne peuvent être occupés que par des femmes (comme les sages-femmes, les couturières et certains rôles administratifs) ; et les filles de sixième jusqu’à la terminale ont été interdites de fréquenter le collège et le lycée. L’édit, publié par le ministère de la Propagation de la Vertu et de la Prévention du Vice, a inquiété non Zoya et d’autres femmes activistes se sont mobilisées dès qu’elles ont entendu des rumeurs sur le nouvel édit, un jour avant son annonce. Dès que les femmes ont commencé leur manifestation dans la capitale, portant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Non à la burqa obligatoire » et « La burqa n’est pas notre hijab », elles ont été confrontées à des combattants talibans armés de fusils. « Ils nous ont « L’un des talibans s’est tourné vers une manifestante, dont il savait était pachtoune, et lui a demandé pourquoi elle se joignait à une manifestation avec des femmes comme nous, des Tadjiks, qui ne sont pas musulmanes. C’était terrible. Nous avons été détenues pendant deux heures, interrogées, menacées et averties que si nous continuions, nous serions emprisonnées pour ces protestations. » Samira*, 25 ans, une autre militante des droits des femmes, a également manifesté à Kaboul contre le nouveau décret. Elle a expliqué ce qui s’est passé : « Nous ne pouvons pas simplement nous asseoir et accepter ces restrictions que nous imposent les talibans. Ils ne peuvent pas se contenter de supprimer nos voix. À 10 heures du matin, j’ai atteint un parc et j’ai parlé aux femmes qui s’y trouvaient, et je leur ai demandé si elles voulaient se joindre à ma manifestation contre les talibans. J’ai été honnêtement surprise qu’elles acceptent, étant donné les récentes nouvelles d’enlèvements et de disparitions forcées de manifestantes. Nous nous sommes levées ensemble et avons réclamé nos droits. » La vie de Samira a changé du jour au lendemain lorsque Kaboul est tombée. Auparavant, elle dirigeait une entreprise de vêtements prospère à Kaboul, aux côtés de deux partenaires commerciaux masculins. Dès que les Talibans ont pris le contrôle de la ville, il a été annoncé que les femmes devaient cesser de travailler et devaient être accompagnées de mehrams (des proches de sexe masculin). « J’avais deux hommes comme partenaires commerciaux et nous n’étions plus autorisés à travailler ensemble. J’ai été obligée de fermer mon entreprise. J’étais également en train de monter un petit restaurant. Ils m’ont suffisamment fait changer de vie. Je ne peux pas les laisser contrôler mes choix vestimentaires », a déclaré Samira. Zoya a travaillé pendant 18 ans comme enseignante, mais a perdu son emploi lorsque les talibans ont fermé les écoles pour les filles plus âgées. Elle veut défendre les droits des filles qui sont bannies des salles de classe et des femmes d’Afghanistan dont la voix est réduite au silence. « Nous sommes revenu·e·s 20 ans en arrière, le jour où les talibans sont arrivés ici. Mes trois filles ne peuvent pas aller à l’école. Si je ne me bats pas pour elles aujourd’hui, qui d’autre le fera ? » a-t-elle déclaré. Ses deux fils en âge d’aller à l’école ne sont soumis à aucune restriction. Samira, Zoya et les dizaines d’autres activistes qui ont protesté rejettent unanimement la nouvelle Sur un ton tout aussi défiant, Samira a ajouté : « Vous ne pouvez pas faire disparaître la moitié de la population du pays. Nous allons défier ces restrictions et nous, les femmes, sommes les seules à pouvoir choisir ce que nous voulons porter. Tout ce que je demande, c’est que les talibans changent ces règles et nous donnent notre liberté. Pour l’instant, je ne le porterai pas, même s’ils menacent de me tuer. » Dans le cadre du nouveau décret, les talibans ont annoncé qu’ils arrêteront les hommes dans la famille des femmes qui refusent de se couvrir de la tête Appuyant la position de Zoya, Samira a ajouté : « C’est la même chose dans ma famille aussi. Ma mère s’inquiète pour ma sécurité et m’a demandé d’éviter les manifestations. Mais en fin de compte, ils soutiennent mes choix et comprennent que si nous ne nous unissons pas contre cette règle, rien ne changera dans notre Les activistes des droits des femmes font l’objet de menaces depuis qu’elles ont défilé dans les rues quelques jours après que les talibans aient pour la première fois interdit aux femmes de travailler. L’une des militantes des droits civiques les plus véhémentes qui ont mené ces protestations est Hoda Khamosh, qui a représenté les femmes afghanes lors des pourparlers sur la crise humanitaire à Oslo. En janvier 2022, assise en face d’une table de représentants talibans, Khamosh s’est levée et a exigé qu’ils appellent Kaboul et libèrent les manifestants emprisonnés. S’exprimant cette semaine au sujet du décret sur le voile obligatoire du visage, Khamosh a déclaré : « Personne n’a Les demandes de Khamosh contre les talibans à Oslo étaient une réponse aux meurtres, Toutefois, ces rencontres et ces menaces violentes n’ont pas réussi à ébranler la volonté des femmes afghanes. « S’ils pensent que nous cesserons de protester après la violence verbale d’hier, ils se trompent », a déclaré Zoya, le lendemain de sa manifestation. « Je me bats pour l’avenir de mes filles et de nombreuses autres personnes dans notre pays. Nous avons l’intention de manifester à nouveau. Non seulement contre le décret *Les noms ont été changés pour protéger les identités Cet édition d’Impact a été préparée par Megan Clement et la traduction est de Stephanie Williamson. Impact est produite par Gloria Media et financée par New Venture Fund Abonnez-vous à nos newsletters : Les Glorieuses / Économie / Les Petites Glo Soutenez un média féministe indépendant en rejoignant Le Club. |
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