Bienvenue dans La Preuve, un supplément de la newsletter Impact créée pour vous aider à mieux comprendre les inégalités de genre — et comment on pourrait les résoudre grâce aux sciences sociales.
Cette newsletter vous est offerte par le programme For Women In Science de la Fondation L’Oréal. Pourquoi davantage d’hommes par Josephine Lethbridge Vous pouvez lire la newsletter en ligne ici – https://lesglorieuses.fr/temps-partiel/ Chris Stirling est consultant en technologie pour la compagnie d’assurances Zurich. Il vit à Glasgow avec sa femme Kerry, son fils Oliver, qui a sept ans, et sa fille Abigail, âgée de trois ans. Quand il a rejoint Zurich, il travaillait à temps plein, mais il a réduit son nombre d’heures en août 2020 pour s’occuper de ses enfants de manière plus équitable avec son épouse. Il explique que ses horaires flexibles lui ont permis de développer ses compétences en graphisme, et de les utiliser au profit d’associations caritatives locales et de sa paroisse. “Mon rythme de travail ne m’apporte que du positif : de la polyvalence dans ce que je fais, mais aussi des moments privilégiés avec mes enfants,” raconte Chris Stirling. “Je me sens incroyablement chanceux d’avoir pu La situation de Stirling serait très classique s’il était une femme, mais en tant qu’homme, il fait partie d’une minorité au Royaume-Uni, où 72% des personnes qui travaillent à temps partiel sont des femmes. “Après avoir parlé avec d’autres pères, je constate que mon expérience représente une exception plutôt que la norme,” dit-il. Cela veut dire qu’en travaillant à temps partiel, en plus de faire sa part à la maison, Chris Stirling contribue à réduire l’écart salarial entre les femmes et les hommes.
En voici la preuveChris Stirling a pu effectuer ce changement grâce aux modalités de travail flexible de Zurich, qui ont été conçues de façon à non seulement proposer davantage d’options aux femmes, mais aussi à encourager les hommes à travailler moins d’heures. Ces mesures ont vu le jour suite à la participation de Zurich à un projet financé par le gouvernement, pour étudier ce qui est vraiment efficace lorsqu’il s’agit de combler l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes. Zurich a travaillé avec un cabinet de conseil, pour analyser les données relatives à ses employé·es et comprendre sa propre disparité salariale liée au genre, qui était à l’époque de 26,3%. L’équipe a découvert que l‘une de ses principales causes était la différence d’évolutions de carrière entre les travailleur·euses à temps plein et à temps partiel. Celles et ceux qui travaillaient à temps partiel étaient beaucoup moins susceptibles de demander des promotions. Et comme beaucoup plus de femmes travaillaient à temps partiel, cela “Beaucoup de femmes revenaient de leur congé maternité, demandaient à travailler à temps partiel, puis se retrouvaient coincées à leur poste,” explique Shoshana Davidson, une chercheuse qui a travaillé sur ce projet. “Nous nous sommes donc demandé·es : Zurich peut-elle promouvoir les postes différemment de façon à permettre à plus de femmes de progresser dans leur carrière ?” En 2019, l’entreprise a commencé à présenter la grande majorité de ses offres d’emploi comme proposant des options “flexibles, à temps partiel ou en partage de poste”. Si les gestionnaires de recrutement voulaient qu’un poste soit annoncé comme étant exclusivement à temps plein, ils devaient fournir une analyse de rentabilité expliquant pourquoi cela était nécessaire. Zurich venait de changer la norme. Aujourd’hui, quatre fois plus d’employé·es de Zurich travaillent à temps partiel. L’entreprise a constaté une augmentation de 72% du nombre de candidatures par poste à pourvoir, et une hausse de 110% des candidatures émanant de femmes. Les promotions internes à temps partiel ont bondi de 167 %. Les femmes ne sont pas les seules à saisir ces opportunités : si elles sont Le travail cupideCes résultats ne sauraient surprendre les chercheur·euses qui s’intéressent à la question. Minna Cowper-Coles, spécialiste de l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes au King’s College de Londres, a récemment publié un rapport sur la qualité de l’emploi et la parentalité au Royaume-Uni, en s’appuyant sur des données provenant de plusieurs enquêtes nationales. “Les emplois à temps partiel ont tendance à être de moins bonne qualité, moins gratifiants, moins flexibles, nécessitent de faire plus d’heures supplémentaires et offrent beaucoup moins de possibilités de promotion.” Minna Cowper-Coles ajoute : “Il existe une véritable stigmatisation du travail à temps partiel et avec des horaires flexibles, et, par conséquent, une pénurie d’emplois à temps partiel de qualité.” Les travaux de Minna Cowper-Coles ont démontré que, comparées aux femmes sans enfants, les mères d’enfants en âge d’aller à l’école primaire au Royaume-Uni sont 13% plus susceptibles de posséder des emplois de faible qualité avec plus de souplesse au niveau des horaires. En revanche, les pères ont 16% plus de chances que les hommes sans enfants d’occuper des emplois à forte rémunération et à faible amplitude horaire. C’est ce que l’économiste Claudia Goldin, lauréate du prix Nobel, qualifie de Cette histoire résonnera avec de nombreuses femmes : vous avez un enfant, et en raison de la nature de la grande majorité des conventions de congé parental, vous êtes celle qui prend le plus de congés, ce qui signifie que vous vous retrouvez rapidement à assumer la responsabilité de la plupart des tâches de soin (“care”). Alors vous quittez le marché du travail, travaillez à temps partiel, ou êtes forcée de prendre un emploi qui ne paie pas très bien. Par ailleurs, les employeurs et la société en général présument que ce sont les mères, et non les pères, qui feront des sacrifices dans leur carrière. “J’étudie cette situation tout en la vivant moi-même, c’est assez rageant,” avoue Cowper-Coles. “Après avoir eu mes enfants, je suis passée à temps partiel tandis que mon partenaire continue de travailler à temps plein. Mais bien sûr, ce n’était pas vraiment un choix. C’est le système.” Les actions comptentL’étude de Cowper-Coles montre qu’au Royaume-Uni, 70% des mères continueraient à travailler même si elles n’en avaient pas besoin financièrement. C’est juste qu’il y a un véritable manque de bons emplois leur permettant de le faire. Mais il est essentiel que les hommes se saisissent aussi de ces opportunités. “On doit vraiment s’inquiéter du fait que seules les femmes adhèrent à ces mesures,” prévient Heejung Chung, une collègue de Minna Cowper-Coles et l’autrice du livre The Flexibility Paradox (“Le Paradoxe de la flexibilité”). “Quand cela arrive, ces pratiques sont stigmatisées. Mais si les pères et les managers y adhèrent aussi, le contraire se produit. Il faut donc que davantage d’hommes et de pères travaillent à distance, avec des horaires flexibles et à temps partiel.” Il n’y a pas que de pères comme Chris Stirling qui ont bénéficié des modalités de travail à temps partiel de Zurich. Alan Roxburgh avait toujours pensé qu’il Roxburgh a alors parlé à son manager de la possibilité de passer à temps partiel, plutôt que de prendre sa retraite tout de suite. Grâce à la politique en place chez Zurich, cela n’avait rien d’extraordinaire. “Nous avons décidé que je pourrais utiliser mes connaissances et mes compétences pour travailler sur des missions précises. Je trouve maintenant très agréable de travailler un jour et demi par semaine, tout en me consacrant au jardinage et à de nombreux autres passe-temps pour lesquels je n’avais jamais eu le temps.” Les parcours de Roxburgh et Stirling montrent que l’impact du travail flexible va bien au-delà de l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes, remettant en question ce que nous privilégions dans un emploi, notre qualité de vie et les précédents que nous établissons pour nos collègues, notre communauté et, peut-être plus important encore, nos enfants. “Nous avons beau penser que nous sommes féministes, c’est souvent très difficile à mettre en œuvre lorsque cela concerne notre famille et notre relation avec la personne que l’on aime,” me dit Heejung Chung. “Ce que vous dites à vos filles et vos fils n’a pas d’importance. Si vous voulez vraiment que votre fille s’épanouisse et devienne une personne respectée à la fois dans la société et à la maison, vous devez le montrer.” Elle dit que cela signifie se poser des questions difficiles : “Quelle sorte de rôles genrés mettez-vous en place à la maison ? Qui travaille ? Qui fait le ménage ? Qui s’occupe du travail de soin ? Voilà ce qui perdurera.” Les études du mois
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La version en anglais est financée par Sage, la traduction est offerte par le programme For Women In Science de la Fondation L’Oréal.
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