Cette newsletter vous a été transférée ? Et vous aimez tellement que vous souhaitez vous inscrire ? C’est ici ! Vous souhaitez gagner le livre de la semaine et ne pas lire la newsletter ? Mercredi 22 mars 2023 Toni Morrison et ses rituels d’écriture « À quoi ressemble la pièce idéale ? Y a-t-il de la musique ? Y a-t-il du silence ? Y a-t-il le chaos ou la sérénité au-dehors ? De quoi ai-je besoin pour libérer mon imagination ? » Voici les quelques questions que Toni Morrison suggérait à ses étudiants de se poser. « L’une des choses les plus importantes que (mes étudiants) doivent savoir, c’est quand ils ou elles sont à leur meilleur sur le plan créatif. » Nous sommes en 1993, les journalistes Elissa Schappell et Claudia Brodsky Lacour interviewent l’autrice sur ses rituels, son rapport à l’écriture, sa créativité « Me mettre à écrire avant l’aube a d’abord été une nécessité – j’avais de jeunes enfants quand j’ai commencé à écrire et je devais tirer profit du temps disponible avant qu’ils ne se mettent à appeler : “Maman !” – et c’était toujours vers cinq heures du matin. » Ce que j’aime dans cet échange, c’est la transparence de l’autrice et le pragmatisme de son rapport à son travail. « L’habitude de me lever tôt, que j’avais prise quand mes enfants étaient petits, était maintenant mon choix. » Lorsqu’elle échange avec une amie écrivaine sur les rituels que l’une et l’autre traversent avant de se mettre à écrire, elle répond d’emblée qu’elle n’en a pas. Son amie, elle, touche quelque chose qui se trouve sur son bureau puis se met à écrire. Pourtant, le rituel se met en place avec les années. Toni Morrison se lève tôt, donc. « Je ne suis pas très maligne ni très spirituelle ou très inventive après le coucher du soleil. » Elle prépare une tasse de café, « il fait encore noir – il doit faire noir ». Elle boit ensuite son café, et « regarde la lumière apparaître ». Il est là son rituel : être présente, seule, avec un café, sans bruit, et regarder la lumière du jour se lever. « Pour moi, la lumière est le signal de la transition. Ce n’est pas être dans la lumière, c’est être là avant qu’elle n’arrive ». Est-ce sa routine idéale ? Certainement pas. « J’ai un peu une façon de procéder idéale dont je n’ai jamais fait l’expérience, qui consiste à avoir, disons, neuf journées à la file où je n’aurais pas à quitter la maison ni à répondre au téléphone. Et avoir l’espace adéquat – un espace où j’peux installer de très grandes tables. » Cet idéal fait écho aux mots de bell hooks que j’ai cités il y a quelques mois dans cette newsletter. « Il y a de nombreuses années, j’ai décidé que si je voulais connaître les conditions et les circonstances qui ont conduit les hommes à la grandeur, je devais étudier leurs livres et les comparer à la vie des femmes. » Et bell hooks a trouvé quelles étaient ces conditions. Dans la vie de chaque “grand” homme il y avait une flopée de personnes dédiées à son génie : des parents, des ami·e·s, des maîtresses, des enfants… De tous et toutes il était attendu qu’il fallait protéger le temps et l’espace de “grand” homme afin qu’il ait toutes les heures nécessaires pour rêver. Et donc créer. « J’étais déterminée à me créer un monde où ma créativité pourrait être respectée et soutenue », disait bell hooks. Si nous pensons aujourd’hui ainsi l’idéal d’un environnement créatif c’est parce que celui des femmes n’était pas légitime, c’est parce que leur création ne l’était pas non plus. Au cours de l’histoire, aucune femme n’a été protégée ainsi pour préserver sa créativité à quelques rares exceptions près. Certainement pas Toni Morrison, qui élevait seule ses deux fils. Le rapport à la créativité en général – et à l’écriture en particulier – a été abondamment construit sous un prisme masculin. C’est pour cela qu’aujourd’hui pour de nombreuses femmes il peut faire l’objet d’un fantasme inatteignable : il faudrait une chambre rien qu’à soi, neuf jours ininterrompus, du vide, du rien, et puis du tout et de l’aventure. Et si ce n’était pas d’un environnement différent dont nous aurions besoin ? Et si c’était plutôt l’assurance que nos écrits aient la possibilité de jouer dans la même cour que ceux qui ont leur chambre à eux, leurs jours sans interruption ? Leur vide ? Et leur tout. *** CONCOURS *** *** Notre partenaire, les Éditions du Seuil, vous propose de gagner le livre L’art et la manière de Barbara Carlotti *** « C’est aussi ce qu’on enseigne aux jeunes femmes, être reconnue au détriment des autres. Puisqu’on nous octroie si peu de place, il faut se battre ». Autrice-compositrice-interprète et réalisatrice, les six albums de Barbara Carlotti ont été acclamés par la critique, et elle a été sélectionnée aux Victoires de la musique en 2012 pour son album « L’Amour l’Argent le Vent ». Elle a également animé des ateliers de création radiophonique, des expositions et elle a même réalisé une comédie musicale intitulée « Quatorze ans ». Si vous êtes intéressée par ce livre, vous pouvez tenter de gagner ce livre en répondant à cet email ou en tentant sur Facebook, Instagram et Linkedin. Il n’y a pas de message particulier Je recommande Au cinéma, le film « Empire Of Light » avec Olivia Colman – c’est l’histoire d’Hilary, un femme qui gère un cinéma dans une petite ville anglaise en bord de mer. Un jour, elle rencontre Stephen, nouvellement embauché au cinéma. Au musée du Luxembourg, l’exposition « Léon Monet frère de l’artiste et collectionneur » – avec des belles oeuvres de Berthe Morisot. « Je pense que le congé menstruel est une avancée pour le droit des femmes. Beaucoup de femmes ont des règles très douloureuses et seraient ravies d’y avoir recours. Malheureusement, mon entreprise ne le propose pas ». Dans la newsletter IMPACT, Megan Clement met l’avis des lectrices à l’honneur sur cette question brûlante : POUR ou CONTRE le congé menstruel ? Merci encore à Lucy Macaroni qui a brillamment illustré les réponses.
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