Bienvenue dans la newsletter Les Petites Glo où on apprend à changer le monde même quand on n’a ni pouvoir ni argent. Recommandez cette newsletter à votre ami·e pour qu’il ou elle fasse bouger les choses aussi. Nous avons également trois autres newsletters qui pourraient vous intéresser, Les Glorieuses mais aussi la verticale Economie et IMPACT. Mardi 1er juin 2021 Toutes à l’abordage !“Le jour où j’ai compris que, dans la vie, il ne faut compter que sur soi-même, j’ai cessé d’attendre qu’un homme vienne me sauver. J’ai réalisé qu’il me suffisait d’être le héros que j’attendais. Il n’est donc pas question que je tombe aux pieds du premier capitaine pirate qui croise ma route.” Ah, comme j’ai aimé lire l’histoire de Callie, talentueuse voleuse qui rejoint la piraterie après sa rencontre avec un certain Blake Jackson, capitaine du bateau le plus redouté des mers, aka L’Avalon. Car à bien y réfléchir, des femmes pirates, je n’en avais pas croisées beaucoup avant d’ouvrir La Carte des confins, premier roman de l’autrice française Marie Reppelin. Certes, j’avais en tête Elizabeth Swann, le personnage de la saga Pirates des Caraïbes interprété par Keira Knightley, qui passe brillamment de jeune fille en détresse à seigneur des pirates… mais c’est tout. Enfin, non, j’ai aussi repensé à Lucile MacBernik, la maman de la série animée Famille Pirate qui est bien plus futée que son mari Victor… mais c’est (vraiment) tout ! Et c’est précisément pour ça que Marie Reppelin a écrit ce livre. “Je voulais montrer qu’une femme peut s’imposer dans un univers typiquement masculin, m’a-t-elle confié. Quand on est jeune, c’est important d’avoir des personnages féminins forts auxquels on peut se référer et s’identifier.” Marie a 26 ans, elle est libraire à Lyon et blogueuse littéraire. Elle écrit depuis qu’elle est toute petite. “Ma spécialité, c’était de commencer des histoires sans jamais les terminer”, me dit-elle. Celle-ci, elle l’a eue en tête lorsqu’elle était au lycée. Heureusement pour nous, elle a décidé de l’écrire en entier. Quand je lui demande pourquoi elle a choisi cet univers, elle me répond sans surprise avoir été fan des aventures de Jack Sparrow pendant son adolescence. “En général, à part le personnage d’Elizabeth Swann, dans les histoires de pirates on croise plutôt les femmes à la taverne ou en tant que prisonnières qu’on embarque sur le bateau. Elles ne sont pas actives, et c’est ce que je souhaitais éviter. L’un de mes autres personnages féminins préférés, c’est Katniss dans Hunger Games. Elle est très forte, courageuse, mais aussi assez égoïste et un peu méchante avec les gens. C’est intéressant de montrer des femmes qui ont leurs failles, qui ne sont pas parfaites. La société nous répète qu’on doit être comme ci ou comme ça, sourire, être gentilles, mais non ! On a le droit de ne pas le vouloir.” Même si La Carte des confins fait la part belle à la romance et répond aux exigences de la littérature Young Adult, ce livre est empreint des convictions féministes de son autrice. Et. C’est. Cool. Je ne sais pas si vous connaissez cette superstition (archi sexiste, faut-il le préciser) mais, pendant longtemps, les marins pensaient qu’une femme à bord portait malheur. Pire encore, s’ils représentaient des figures féminines (seins nus, la plupart du temps) sur les proues de leurs navires, c’était pour repousser les créatures et démons de l’océan. Mille milliards de mille sabords, n’est-ce pas ? Mais la superstition, Marie s’en fout. Elle a carrément imaginé le personnage de Jossy Meads, seule capitaine pirate au monde qui, comme on peut le lire, “commande un équipage exclusivement féminin dont les exploits égalent, voire dépassent, ceux de bien de leurs compatriotes masculins”. “Selon moi, le cliché des femmes interdites à bord traduisait une sorte de peur de la part des pirates, m’explique Marie Reppelin. Ce qui les dérangeait, c’était de prendre le risque de voir qu’en les rejoignant, elles s’en seraient très bien sorti et auraient prouvé qu’elles pouvaient faire aussi bien que les hommes !” Rassurez-vous, les Petites Glo, si Jossy Meads est un personnage de fiction, des femmes pirates ultra badass ont bel et bien existé ! Parmi elles, Mary Read et Anne Bonny, qui ont beaucoup inspiré Marie. Elles ont vécu au début du XVIIIème siècle dans les Caraïbes et sont entrées dans la légende en se battant seules contre tout un équipage ! Elles n’ont jamais cessé de déjouer les codes et les genres : afin de devenir pirates, elles se sont déguisées en hommes et, lorsqu’elles se sont retrouvées emprisonnées en Jamaïque, elles ont fait semblant d’être enceintes pour échapper à la pendaison. “Les motivations des femmes qui s’engagent, que ce soit dans la piraterie ou dans l’armée ou ailleurs, c’est aussi une façon d’être maître de son destin et de prendre sa vie en main à une époque où les voies professionnelles pour les femmes n’étaient quand même pas nombreuses, surtout quand on venait de la campagne ou d’un milieu très défavorisé », détaille l’écrivaine et océanographe Marie-Ève Sténuit dans un reportage que je vous recommande de regarder sur le site de France Culture (vous pouvez aussi écouter cet épisode du podcast Les Odyssées de France Inter). La pirate Mary Read révèle son identité féminine – Une illustration d’Alexandre Debelle datant de 1846 Malgré tout, même en sortant leur meilleur cache-oeil et en cachant leur poitrine, les femmes pirates ne sont pas épargnées par le sexisme. “Je voulais que mon roman soit féministe, mais il fallait qu’il colle avec une réalité de la piraterie qui ne soit pas trop édulcorée, précise Marie Reppelin. Qu’on soit sur un bateau ou ailleurs, on se prend toutes les mêmes réflexions au quotidien, et on a beau faire ce qu’on veut, être douée, il y aura tout le temps quelqu’un pour nous réduire à notre apparence. Malheureusement, ce constat peut être transposé à toutes les époques et toutes les situations.” Le passage suivant illustre parfaitement la volonté de l’autrice. C’est un dialogue entre Callie (fraîchement relookée par Jossy qui lui offre des vêtements adaptés à une femme pirate) et Blake Jackson :
Ça vous rappelle quelque chose ? Alors, la prochaine fois qu’un prof ou une CPE vous fera cette remarque, inspirez-vous de Callie qui rétorque : “Ce sont de grands garçons, ils s’en remettront. Et ils savent très bien ce qui les attend s’ils ne parviennent pas à se contrôler et agissent comme des animaux.” Vous qui me lisez et qui, je l’espère, lirez La Carte des confins à votre tour, avez peut-être des idées de romans qui vous trottent dans la tête. Marie est la preuve que ce que vous griffonnez dans la cour de votre lycée peut être publié et lu par plus de 100.000 personnes quelques années plus tard. “Le message de mon livre, c’est qu’il ne faut pas se laisser faire, se battre pour ce qu’on veut, conclut l’autrice. Ce n’est pas parce que tout le monde vous dit que quelque chose n’est pas fait pour vous que c’est forcément vrai ! Il ne faut pas vous laisser marcher dessus, et garder confiance en vous même s’il y a des obstacles.” Allez les Petites Glo, toutes à l’abordage ! (C’était très dur de ne choisir qu’un post sur ce compte hilarant créé par Camille Jouneaux) Les recommandations de ChloéPourquoi et pour qui les filles s’épilent ? C’est à ces questions que répondent brillamment Juliette Lenrouilly et Lea Taieb dans leur livre Parlons poil ! Le corps des femmes sous contrôle, publié chez Massot éditions. J’ai eu le plaisir d’être interviewée pour le chapitre consacré à la représentation du poil dans l’art et la culture et j’ai dévoré toutes les autres parties. Si vous ne la connaissez pas déjà, je vous recommande aussi leur page Insta. Dans le même esprit, et tout aussi réussi, procurez-vous vite Sous nos yeux, le “petit manifeste pour une révolution du regard“ écrit par Iris Brey et illustré par Mirion Malle (éditions La Ville Brûle). L’autrice décrypte et déconstruit les images que vous voyez tou.te.s dans les films, séries, jeux vidéo, etc et explique très clairement les concepts essentiels de male gaze et female gaze. En parlant d’images, en Floride, à la Bartram Trail High School du comté de St. Johns, les photos scolaires de dizaines d’adolescentes ont été retouchées pour faire disparaître leurs décolletés. Et en plus, c’est super mal fait. Pas lol. Fanny a 15 ans, elle est en troisième au collège Saint-Charles de Saint-Brieuc dans les Côtes-d’Armor, et elle a décidé d’éditer et distribuer 7000 flyers qu’elle a elle-même créés pour lutter contre le harcèlement de rue. Comme la plupart d’entre nous, elle en a été victime à plusieurs reprises. Elvire Duvelle-Charles, co-fondatrice de Clit Revolution qui est intervenue dans le dernier épisode de la Masterclass des Petites Glo, a lancé son book club. Trop cool, non ? Rendez-vous sur Patreon pour des contenus passionnants sur le féminisme, l’activisme et la sexualité. Ouiii, je suis ENFIN retournée au musée (et vous ?) ! Ma première expo a été Peintres femmes, 1780-1830 au musée du Luxembourg, à Paris. Si vous en avez l’occasion, foncez ! (En plus, on me dit dans l’oreillette que Les Glorieuses sont partenaires… il n’y a pas de mystères.) PS : Vous avez jusqu’au 6 juin pour pré-commander le super cahier de vacances féministe de la newsletter Sorocité. Je dis ça, je dis (pas) rien Les dernières newsletters Gloria MediaDrunk !, Les Glorieuses, 26 mai 2021 La Masterclass, Les Petites Glo L’entrepreneuriat au féminin, c’est la vie ! (Vraiment ?), Economie, 18 avril 2021 10 ans après le printemps arabe, les Tunisiennes poursuivent la lutte, Impact, 2 avril 2021 |
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