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Mercredi 19 Septembre 2018

« Existe-il des hommes capables de prendre le risque de rendre une femme enceinte – ce qui implique qu’elle risque sa vie, sa santé, son statut social, ses relations et sa carrière – pour avoir quelques minutes de plaisir – légèrement plus prononcé ? Absolument » L’autrice de ces mots est Gabrielle Blair. Gabrielle Blair est mormone. Gabrielle Blair est mère de six enfants.

Gabrielle Blair est l’héroïne féministe de la semaine. Dans un thread, elle propose de réévaluer l’implication des protagonistes. Ce ne serait plus les femmes qui seraient les seules responsables de ces grossesses mais les hommes. Changement de paradigme. Dès lors, poursuivant sa démonstration, Blair propose ironiquement de castrer les hommes qui seraient à l’origine de ces grossesses. Avant d’être castrés ces derniers pourraient congeler un peu de sperme dans le cas où ils voudraient avoir
éventuellement un jour la possibilité de mettre au monde un enfant désiré. A compter de la promulgation de cette loi, Blair donne trois mois pour que les hommes réalisent qu’ils sont responsables et, de facto, que les avortements baissent drastiquement. Elle parle de prévention aussi : la vasectomie. Plus sûr que la pilule, sans effets secondaires (hormis 24 heures où on est un peu dans le coltard) et – peu d’hommes le savent – réversible.

Son argumentaire renverse le mode de réflexion actuel, à
l’instar de celui utilisé dans cet article de Psychologies. Il commence par ces quelques mots qui ne laissent aucun doute sur le contenu qui suit : « Elles ont fait un enfant toutes seules. Sans prévenir le futur père ou contre son gré. Comment les hommes vivent-ils cette paternité forcée quand ils le découvrent ? Enquête sur un abus de pouvoir au féminin » (Elle m’a fait un bébé dans le dos, Stanislas De Haldat, novembre 2016).  Aujourd’hui, la responsabilité des grossesses non désirées repose sur les femmes : ce sont elles qui doivent prendre leurs dispositions pour avorter ou, quand elles ne le souhaitent pas, pour élever l’enfant.

Gabrielle Blair lance un cri du cœur à toutes les personnes qui protestent contre les avortements (coucou Dr Bertrand de Rochambeau, président du syndicat des gynécologues). « Si vous voulez arrêter les avortements, il vous faudra arrêter les grossesses non désirées. Et les hommes sont 100% responsables des grossesses non désirées. » Quoi ? Ce ne serait pas les femmes qui auraient une envie secrète de maternité (tellement secrète qu’elles ne l’auraient même pas réalisées elles-mêmes) ?

Non et elle vous explique pourquoi. « Si une femme ne veut pas risquer une grossesse non désirée, pourquoi ne prend-elle pas simplement la pilule ? Car si une femme sait comment se faire avorter, elle doit sûrement savoir comment se procurer la pilule, n’est-ce-pas ? » Réponse : le coût de la contraception, pas toujours remboursé par la sécurité sociale (15 euros par mois, ce n’est pas rien) et les effets secondaires. Autre argument, les grossesses non désirées sont dues aux éjaculations irresponsables des hommes. Les femmes peuvent « tomber » enceintes 24 jours par an, pendant quelques années. Les hommes, eux, 365 jours par an, pendant la très grande partie de leur vie. A priori, rien de grave
puisqu’il existe une invention millénaire, sans effet secondaire, qui coûte peu cher, qu’on peut se procurer à peu près partout et à peu près à n’importe quel moment : le préservatif. Oh wait. « Les hommes n’adorent pas les préservatifs. D’ailleurs, les hommes demandent régulièrement avec insistance aux femmes de faire du sexe sans préservatif ». Parce que c’est un peu moins bien avec préservatif. (Qui va leur dire que le sexe est bien meilleur sans grossesse non désirée et sans MST ?).

Cher·e·s gynécologues qui objectent la « liberté de conscience » pour refuser de faire un avortement, aucune de ces solutions ne convient ?
Serait-ce parce que vous vous foutez complètement des avortements ? Serait-ce parce que votre unique but serait finalement de perpétuer la tradition à contrôler le corps des femmes ?

De fait, il n’y a aucune « liberté de conscience » à avoir puisque ces médecins ne sont en aucun cas préoccupés par les avortements. A l’instar du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, je préconise de supprimer la « liberté de conscience » pour les IVG (si ça vous intéresse, on peut signer cette pétition). Car il n’y a aucune valeur morale à avoir quand il s’agit de vouloir contrôler les femmes.

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