Cette newsletter vous a été transférée ? Et vous aimez tellement que vous souhaitez vous inscrire ? C’est ici ! Mercredi 21 septembre 2022 Comment crée-t-on un sentiment d’amour éternel ? Conversation avec l’artiste Wang Ruohan.À quoi ressemble le beau dans une société inclusive ? Durant cette 8e (huitième !!!) saison de la newsletter Les Glorieuses, nous explorerons la question… du beau. L’invitée, la conversation, l’enquête, l’extrait… ces nouveaux formats permettront de dessiner tout un peu plus cette utopie féministe à laquelle on rêve. Une utopie où les esthétiques seront inclusives et où nos imaginaires seront emplis de ces femmes qui y ont toujours eues leur place. Rebecca Amsellem Cette rétrospective semble inviter à voir le quotidien d’une manière fantasque. Cela me rappelle sans doute l’œuvre Nightlife de Cyprien Gaillard que j’ai eu l’occasion de voir à LUMA. Dans vos œuvres, le quotidien n’est plus quotidien – il devient un matériau prêt à nous faire plonger dans un monde surréaliste – les vôtres. Wang Ruohan L’œuvre de Cyprien semble raconter un paysage, mais elle décrit aussi le processus d’augmentation de l’entropie et les traces d’entropie laissées sur le paysage par l’histoire. Je ressens cela : le récit apparemment objectif du paysage, en même temps inclusif et romantique. J’aime l’art dichotomique de celui-ci. Rebecca Amsellem Vos œuvres ont un effet psychologique immédiat : un sentiment de bien-être, de luminosité nous envahit. Y avait-il une volonté thérapeutique derrière l’élaboration des œuvres présentées, derrière même le choix des couleurs utilisées ? Wang Ruohan Oui, je veux que le public se sente entouré, heureux et excité lorsqu’il voit l’œuvre. J’essaie de créer un sentiment d’amour éternel. Créer des œuvres comme celle-ci m’aide à guérir quand je me sens très seule, et je veux apporter cela aux personnes qui en ont besoin. Je Rebecca Amsellem En parlant de psychologie, les sentiments ont une place centrale dans l’interprétation de vos œuvres par vous-mêmes. Vous dites, par exemple, « les êtres humains désirent le plaisir extrême et l’indulgence extrême ». Vous vous demandez également, « comment les sentiments humains se déplacent et se verrouillent ? ». Avez-vous trouvé la réponse ? Wang Ruohan Lorsque je suis seule, je passe la plupart de mon temps à penser et à ressentir l’influence de différentes cultures sur moi, à essayer de trouver le point commun le plus profond qui transcende la culture et à trouver des réponses à la vie dans ce but. Dans ce monde contrôlé par la rationalité et le consumérisme, les êtres humains ont soif de plaisir extrême et d’indulgence extrême, tout comme les dionysiens, et ce sont des réflexions sur l’existence, et des émotions de malaise et d’impuissance à l’heure actuelle où la destruction de l’environnement et le consumérisme sont répandus. Nous devrions nous demander comment nous pouvons vraiment nous sauver nous-mêmes, comment nous pouvons atteindre le vrai bonheur. Comment découvrir certains moments de la routine quotidienne répétée qui peuvent vous éloigner de la réalité. Les émotions humaines résonnent dans ces moments enfermés, ces états où il y a du confort et un soupçon d’angoisse rationnelle. Je me sens comme Goldmund dans Narziß und Goldmund, qui incarne un large éventail d’expériences humaines, aspirant à l’extase terrifiante du monde sensoriel, mais la capturant et l’exprimant à travers son talent de sculpteur. Rebecca Amsellem Vous utilisez la technique du collage pour peindre : copier, couper, coller, changer la réalité. Le surréalisme est omniprésent et pourtant, il semble familier de notre réalité. Pourquoi avoir choisi cette technique du collage ? Wang Ruohan J’aime beaucoup ce concept, qui me rappelle Apollonien et Dionysiaque de Friedrich Nietzsche, dans lequel j’aime la dichotomie de l’art. Un collage de réalité et de surréalisme, qui semble permettre de voir le basculement entre le temps et l’espace sur une toile 2D. Ce collage permet une vision double du lointain et du proche. Il révèle également un peu de malaise apporté par la réalité dans un scénario surréaliste tout à fait magnifique. Par exemple, dans Les Gens sous l’arbre, je me suis arrêtée quand j’ai voulu mettre la main dessus, et j’ai décidé de laisser le deuxième homme rester dans le moment de vouloir embrasser quelque chose, mais le spectateur ou la spectatrice trouve ça un peu étrange parce qu’il n’a pas de main. Ce collage de perfection et d’imperfection brise la pure douceur de l’image et apporte un équilibre entre le chaud et le froid, tout comme Hesse tente de réconcilier les idéaux de l’apollonianisme et du dionysianisme en donnant forme à l’informe par l’art. À travers ces images, j’essaie de transformer des moments en éternité. Rebecca Amsellem Laissez-vous une place au genre dans votre œuvre ? Wang Ruohan Je pense que j’exprime un style féminin de manière neutre, un style neutre de manière féminine. Rebecca Amsellem Une des réflexions qui m’animent est d’imaginer une société inclusive – C’est ce que je vous demande – à quoi ressemble la « beauté » dans une société féministe ? Wang Ruohan Je pense qu’une société idéale est extrêmement inclusive et transcende le genre lui-même. Je pense que les femmes sont toujours associées à la nature, à la tolérance et à la douceur, et j’imagine que le vent, l’eau, la lune et tous les arcs sont les représentations les plus poétiques de la femme. Dans une société féministe, la beauté est une force douce qui a des angles à la fois obtus et aigus, et forme un cercle, qui représente « l’accomplissement ». J’ai toujours pensé à la couleur néon comme un neutre, la pureté sans aucun noir et blanc. Plus vous le regardez, plus vous réalisez à quel point il est profond et englobant, comment il peut créer un sentiment d’espace à travers sa transparence et entourer tout ce qui s’y passe, et c’est une expérience magique. Et il raconte à la spectatrice et au spectateur une histoire d’une manière douce qui lui permet de se connecter à ses propres histoires. Je pense que cette esthétique féminine dans les mots chinois s’appelle « 刚柔并济 – rigidité et douceur ou tempérament force avec miséricorde ». Ce que je recommande cette semainePendant plus d’un an, j’ai enquêté pour le Musée de La Croix et du Croissant Rouge à Genève sur cette interrogation : comment rendre les musées féministes ? Les résultats de cette enquête sont à retrouver en français ici et en anglais là. Le Chili était à un cheveu de venir le premier pays au monde à adopter une constitution féministe. Mais elle n’a pas été plébiscité. Que s’est-il passé ? C’est la newsletter IMPACT de cette semaine avec une interview de Jeniffer Mella, une membre du groupe de citoyen·ne·s élu·e·s pour rédiger le document et activiste féministe, par la journaliste Agustina Ordoqui. « Everything, Everywhere, All At Once« . Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un film aussi poétique, aussi drôle, aussi parfaitement écrit et magnifiquement réalisé. C’est l’histoire d’une femme, chinoise immigrée aux Etats-Unis, empêtrée dans une relation conflictuelle avec sa fille lesbienne, dans une autre avec peu d’amour avec son mari et dans une dernière avec une contrôleuse fiscale particulièrement zélée qui se retrouve à explorer d’autres univers.
Serial Mytho – c’est le nouveau podcast complètement dingue de Louie Media. C’est si dingue qu’on ne voit pas comment ça peut être vrai. Elodie, la narratrice retombe sur un copain d’enfance, ou presque. Ils tombent amoureux. Et pourtant quelque chose semble clocher. « Mais t’es ouf » lui répondent ses amies, « il est tellement génial qu’on voudrait sortir avec son clone ». « Nous n’étions pas folles » ou comment les russes travaillent activement contre les mouvements féministes. Il est maintenant avéré que les trolls russes ont joué un rôle actif dans le démembrement de l’organisation de la Women’s March aux Etats-Unis. Organisation créée à la suite d’une marche historique le jour de l’investiture de Trump qui avait pour objectif de protéger les femmes. « Ils ont posté en tant que femmes noires critiques du féminisme blanc, femmes conservatrices qui se sentaient exclues et hommes qui se moquaient des participants en tant que pleurnichardes aux jambes poilues ». C’est ça la réalité du mouvement politique actuel. « En janvier 2017, à l’approche de la marche des femmes, ils ont testé différentes approches auprès de différents publics, comme ils l’avaient fait lors de la préparation de l’élection présidentielle de 2016. Ils se faisaient passer pour des femmes trans rancunières, des femmes pauvres et des femmes anti-avortement. Ils ont rejeté les marcheurs comme des pions du milliardaire juif George Soros » (l’article est en anglais). Connaissez-vous le projet d’exposition Musée Médusées ? Sa mission principale est d’œuvrer pour la représentation de l’art lesbien. Le Musée Médusées se transforme en exposition photographique à Marseille, à l’horizon 2023, et a besoin de votre soutien pour son financement. Pour participer au financement de cette exposition, RDV ici : https://fr.ulule.com/expositionmedusees/ Les Glorieuses, partenaire du festival AMERICASamedi 24 septembre 14h – 15h30 Littérature, la place des femmes autochtones Samedi 24 septembre 18h30 – 19h30 Des histoires d’amour Dimanche 25 septembre 11h30-13h La voix des femmes Pour prendre ses billets, c’est ici. Et nous offrons 5 pass journée pour 1 personne aux premières qui répondent à cet email ! Interview en anglais et mandarinRebecca Amsellem This retrospective seems to invite us to see everyday life in a whimsical way. It probably reminds me of the work Nightlife by Cyprien Gaillard that I had the opportunity to see at LUMA. In your works, the everyday is no longer everyday – it becomes material ready to immerse us in a surreal world – yours. Wang Ruohan Cyprien’s work seems to narrate the landscape, but it also describes the process of entropy increase and the entropy traces left on the landscape in the history. I feel that: the seemingly objective narrative of the landscape, at the same time it’s inclusive and romantic. I like the dichotomous art of it. 我觉得cyprien’s的作品看似在叙述风景,但是也在描述墒增的过程,以及墒在历史里给风景留下的痕迹。我觉得这看似叙述客观的风景又有点包容和浪漫。我喜欢其中的二分法艺术。 Rebecca Amsellem Your works have an immediate psychological effect: a feeling of well-being, of luminosity invades us. Was there a therapeutic will behind the development of the works presented, even behind the choice of colors used? Wang Ruohan Yes, I want the audience to feel warm, happy and excited when they see the work. I try to create a feeling of eternal love. Creating works like this helps me heal when I feel very lonely, and I want to bring that need to people who need it. I want to inspire dopamine in the viewer with bright, clean colors, and it all requires an atmosphere: comfortable shapes, content that relates to each person and comfortable color combinations. I think a positive, warm aesthetic leaves a profound impact on people over time. There are too many artists contributing to environmental art, political art, human rights art, but I want to help people’s psychology from the viewer’s point of view, so I think artworks full of love and care are a very important roles in contemporary art and in a society full of uncertainty. 是的,我想让观众看到作品的时候,感觉到温暖的,是幸福的。我试图创造一种永恒的爱的感觉。当我感到非常孤独的时候,创造这样的作品可以帮助我治愈,我也想把这样需求带给需要的人。我想用明亮的干净的颜色激发观众的多巴胺,而这一切都需要 一种氛围:舒服的形状,与每个人有关联的内容和舒服的颜色组合。我认为积极、温暖的美学会随着时间流逝给人留下深远的影响。有太多的艺术家在为环保艺术,政治艺术,人权艺术做贡献,但是我想从观赏者的角度帮助人们的心理,所以我认为充满爱 Rebecca Amsellem Speaking of psychology, feelings have a central place in the interpretation of your works by yourselves. You say, for example, « Human beings desire extreme pleasure and extreme indulgence. » You also wonder, « How do human feelings shift and lock together? » « . Did you find the answer? Wang Ruohan In my time alone, I spend most of my time thinking and experiencing the influence of different cultures on me, trying to find a deepest commonality that transcends culture, and to find answers to life for this purpose. In this rationally controlled and consumerist world, human beings crave extreme pleasure and extreme indulgence, just like the dionysosians, and these are thoughts on existence, and emotions of unease and helplessness in the present time when environmental destruction and consumerism are prevalent. We should ask ourselves how we can truly save ourselves, how we can attain true happiness. How to discover certain moments from the repeated daily routine that can take you away from reality. Human emotions resonate in those locked-in moments, those states where there is comfort and a hint of rational angst. I feel like Goldmund in « Narziß und Goldmund, » who embodies a wide range of human experience, longing for the terrifying ecstasy of the sensory world, but capturing and expressing it through his talent as a sculptor. 一个人的时间里,我大部分时间会思考和体会不同的文化对我影响,想找到一种超越文化的最深层次的共性,并为此寻找生命的答案。在这个理性控制的和消费主义的的世界里,人类渴望极端的快乐和极端的放纵,就像狄俄尼索斯人一样,而这些都是对存 在的思考,对环境破坏和消费主义盛行的当下的不安和无奈情绪。我们应该反问自己,我们如何真正自救,我们如何获得真正的快乐。如何从反复的日常中发掘某些瞬间,可以让你从现实中抽离。人类的情感共鸣就在那些被锁定的瞬间,那些在感到舒适又 Rebecca Amsellem You use the collage technique to paint: copy, cut, paste, change reality. Surrealism is omnipresent and yet it seems familiar with our reality. Why did you choose this collage technique? Wang Ruohan I really like this concept, which reminds me of Friedrich Nietzsche’s « Apollonian and Dionysian », in which I like the dichotomous art. A collage of reality and surrealism, which seems to allow one to see the switch between time and space on a 2D canvas. This collage allows for a double vision of the far and the near. It also uncovers a little bit of unease brought by reality in a completely beautiful surreal scenario. For example, in « People under the tree », I stopped when I wanted to put hand on it, and I decided to let the 2d man stay in the moment of wanting to embrace something, but the viewer finds it a little strange because he doesn’t have a hand. This collage of perfection and imperfection breaks the pure sweetness of the picture and brings a balance between warm and cold, just as Hesse tries to reconcile the ideals of apollonianism and dionysianism by giving form to formlessness through art. Through these images, I try to turn moments into eternity. 我很喜欢这个概念, 这让我想到 Friedrich Nietzsche’s “Apollonian and Rebecca Amsellem Do you leave a place for gender in your work? Wang Ruohan I think I’m expressing a feminine style in a neutral way, a neutral style in a female way. 我认为我在表达一种中性中的女性风格,女性中的中性风格。 Rebecca Amsellem One of the thoughts that drives me is to imagine an inclusive society – That’s what I’m asking you – what does « beauty » look like in a feminist society? Wang Ruohan I think an ideal society is extremely inclusive and transcends gender itself. I think women are always associated with nature, tolerance, and gentleness, and I would imagine that wind, water, moon and all the arcs are the most poetic representations of women. In a feminist society, beauty is a gentle force that has both obtuse and acute angles, and forms a circle, which represents « fulfillment ». I’ve always thought of neon color as a neutral, the purity without any black and white. The more you stare at it, the more you realise how deep and encompassing it is, how it can create a sense of space through its transparency and surround all that is happening in it, and it’s a magical experience. And it tells the viewer a story in a gentle way that allows them to connect to their own stories. I think this feminine aesthetic in the Chinese words is called “刚柔并济 – rigidity and softness or temper force with mercy“. 我想一个理想的社会是极其包容的,是超越性别自身的。我认为女性总是和自然,包容,温和联系在一起,我会想象风,水,月和所有弧线是代表女性的,是最富有诗意的。在女权主义社会中,美是一种温和的力量,即有钝角也是锐角,而形成一个圆,它 代表“成全”。我一直认为荧光的颜色是中性的,中立的,不加黑色和白色的纯粹性,但当你越发盯着它看,你会发现它是多么地深邃和包容,它可以通过透明性创造空间感,环抱所有其中发生的事情,这种体验很神奇。但是它是以一种温柔的方式给观众讲 Les photographies utilisées pour les visuels nous ont été gracieusement envoyées par la Galerie Danyzs. |
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