8 décembre 2020 Noël approche et cette année encore, vous manquez d’inspiration pour vos idées cadeaux ? Ajoutez à cela une pandémie mondiale, des finances et un moral sans doute au plus bas (c’est normal). Si l’idée de commander un robot-mixeur sur Ama*** ou de faire la queue dans des conditions pas COVID-friendly semble loin de vous, on vous comprend ! Et c’est pour ça que Les Glorieuses ont pensé à tout – et à une box qui fera plaisir à toute féministe. Si on vous a transféré cet email, vous pouvez vous inscrire – gratuitement – ici et nous contacter à [email protected]. « Pour ce qui bouleverse l’existence, il faut prendre un risque » Winterson et Duras ont terminé la bouteille de whisky. Jeanette Winterson et Marguerite Duras ne se sont jamais connues. Elles auraient pu. La première avait 37 ans lorsque la seconde est morte. Je les imagine dans l’appartement de Duras de la rue Saint-Benoît. « Un whisky ? » aurait proposé Duras. « Ne perdons pas de temps », aurait-elle ajouté. Elle aurait fait son numéro – celui que les grandes savent faire pour éblouir les plus jeunes – l’air de dire « J’en ai connu, vous savez ». « Oui », aurait pensé Winterson. Les deux monstres de la littérature se seraient ensuite assises dans le bureau enfumé de Duras, les livres prenant plus d’espace que l’oxygène ambiant. « Lacan a écrit sur moi. » Duras aurait dit pour impressionner l’inconditionnelle de Jung. Elle l’aurait cité. « Elle ne doit pas savoir qu’elle écrit ce qu’elle écrit. Parce qu’elle se perdrait. Et ça serait la catastrophe. » Elle aurait enrichi son propos, « c’est devenu pour moi, cette phrase, comme une sorte d’identité de principe, d’un « droit de dire » totalement ignoré des femmes » (Écrire, Éditions Gallimard, 1995). « Raconter son histoire permet d’exercer un contrôle tout en laissant de l’espace, une ouverture », aurait répondu Winterson en empruntant ses propres mots de Pourquoi être heureux quand on peut être normale (Éditions de l’Olivier, 2012, traduit magnifiquement par Céline Leroy). « C’est une version, mais qui n’est jamais définitive. On se prend à espérer que les silences seront entendus par quelqu’un d’autre, pour que l’histoire perdure, soit de nouveau racontée. » Ma théorie : on a tellement empêché les femmes de s’exprimer dans l’espace public que les premiers mots qu’elles couchent sur le papier sont souvent loin des aventures irréalistes qu’on trouve chez leurs confrères. « J’essayais d’échapper à l’idée reçue selon laquelle les femmes écrivent toujours sur « l’expérience » – dans les limites de ce qu’elles connaissent – contrairement aux hommes qui écrivent toujours sur ce qui est grand et audacieux – le grand schéma des choses, l’expérimentation avec la forme », aurait complété Winterson. « Henry James a mal interprété les propos de Jane Austen lorsqu’elle a déclaré écrire sur dix centimètres d’ivoire – comprendre d’infimes miniatures observatrices. » C’est le doute, aussi, qui nous pousse à écrire, aurait ensuite continué Duras. « Le doute, c’est écrire. Donc c’est l’écrivain aussi. » Et cela tombe bien. « Dans la vie il arrive un moment, et je pense que c’est fatal, auquel on ne peut pas échapper, où tout est mis en doute : le mariage, les amis, surtout les amis du couple. Pas l’enfant. L’enfant n’est jamais mis en doute. Et ce doute grandit autour de soi. Ce doute, il est seul, il est celui de la solitude. Il est né d’elle, de la solitude. » C’est contrôle, aussi, aurait enchéri Winterson. « Raconter son histoire permet d’exercer un contrôle tout en laissant de l’espace, une ouverture. C’est une version, mais qui n’est jamais définitive. On se prend à espérer que les silences seront entendus par quelqu’un d’autre, pour que l’histoire perdure, soit de nouveau racontée ». « C’est pour cette raison que je suis écrivain – je ne dis pas que j’ai “décidé” de l’être ou que je le suis “devenue”. Ce n’était pas un acte volontaire ni même un choix conscient. Pour éviter la trame serrée du récit de Mrs Winterson [sa mère adoptive], je devais être capable de faire mon propre récit. Mi-réalité mi-fiction, voilà les ingrédients qui composent une vie. Et comme dans l’espionnage, il s’agit toujours d’une légende, d’une couverture. J’ai rédigé mon issue de secours. » « Vous avez peur d’écrire ? » Winterson aurait continué, alors que Duras lui ressert un second whisky. « Certains écrivains sont épouvantés. Ils ont peur d’écrire. Ce qui a joué dans mon cas, c’est peut-être que je n’ai jamais eu peur de cette peur-là. J’ai fait des livres incompréhensibles et ils ont été lus. Il y en a un que j’ai lu récemment, que je n’avais pas relu depuis trente ans, et que je trouve magnifique. » « Pour ce qui bouleverse l’existence, il faut prendre un risque », aurait pensé Winterson, elle n’ose pas l’interrompre, elle sait d’ailleurs que c’est inutile, elle ne l’entendra pas. Les deux se disputent sur la folie nécessaire des écrivain.e.s. Pour écrire, il faut être seule, dit Duras. « La solitude est toujours accompagnée de folie. Je le sais. On ne voit pas la folie. Quelquefois seulement on la pressent. Je ne crois pas qu’il puisse en être autrement. Quand on sort tout de soi, tout un livre, on est forcément dans l’état particulier d’une certaine solitude qu’on ne peut partager avec personne. On ne peut rien faire partager. On doit lire seul le livre qu’on a écrit, cloîtré dans le livre. Ça a évidemment un aspect religieux mais on ne le ressent pas comme tel sur-le-champ, on peut y penser après coup. » Pas du tout, aurait répondu Winterson, nous nous devons d’être saine d’esprit pour écrire. « Chaque jour, je me mettais au travail sans idée de plan ni intrigue, mais simplement pour voir ce que j’avais à dire. C’est pourquoi je suis sûre que la créativité est du côté de la santé. J’allais me remettre, et j’ai commencé à me remettre grâce au hasard du livre. » La bouteille aurait été terminée, Winterson se serait aperçue que la nuit était tombée, qu’elle devait partir prendre le train qui l’aurait ramenée à Londres. Elle aurait dit à Duras avant de s’éclipser. « Les histoires sont dangereuses, ma mère avait raison. Un livre est un tapis volant qui vous emporte loin. Un livre est une porte. Vous l’ouvrez. Vous en passez le seuil. En revenez-vous ? ». « Jamais, quel intérêt ? » aurait probablement répondu Duras. La box Les Glorieuses pour les fêtes de fin d’année Les fêtes de fin d’année approchent ! Si l’idée de commander un robot-mixeur sur Ama*** ou de faire la queue dans des conditions pas COVID-friendly semble loin de vous, on vous comprend ! Et c’est pour ça que Les Glorieuses ont pensé à tout. Voici la Box de Noël des Glorieuses, elle coûte seulement 35 € (frais de port de 7,8€ en sus). Il y a un carnet, un livre, un mug et des stickers ! Programme Les 100 Glorieuses ** Le Programme des 100 Glorieuses est de retour ! Nous lançons la dernière phase du Programme des 100 Glorieuses et offrons l’adhésion Royal Deluxe à 30 personnes mo-ti-vées ! Par ailleurs, nous annoncerons très vite un partenariat exclusif avec une association formidable que nous soutenons.
Le Club, jeudi 17 décembre Notre prochain rendez-vous #Club est fixé au 17 décembre ! Nous aurons la joie d’accueillir Julia Cagé), économiste et présidente de l’association « Un bout du monde » dont nous vous parlions dans une des dernières newsletters. 👩💻 |
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